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vendredi 30 août 2013

...à l'heure du bilan...

Ton anniversaire, c'est un de ces moments de l'année où tu cogites encore plus que d'habitude au sens de la vie en général et à celui que tu donnes à la tienne en particulier. Un peu comme le Nouvel An, avec son lot de bonnes résolutions. Un peu aussi comme ces soirées où tu es fin bourré à 4h de la nuit & qu'il t'apparaît comme urgent de refaire le monde, à toi qui sais avoir toutes les bonnes idées pour enrayer les guerres/ la faim dans le monde/ la crise économique et financière. Rien que ça.

Mais je m'égare.

Ton anniversaire donc, puisque c'est LE moment où tu franchis un cap chiffré et LA journée où tout le monde te rappelle sans arrêt que tu viens de te prendre un an dans le pif, apporte son lot de réflexions quant à ce que tu as déjà accompli, ce qu'il te reste à faire, ce que tu veux faire avant la prochaine échéance. C'est l'heure du bilan, et pour peu que tu aies fait un peu de compta, dans cette vie ou dans une autre, tu sais bien que le passif et l'actif s'équilibrent forcément : reste juste à savoir si ça s'ajuste côté passif (bénéfice) ou côté actif (perte). Je ne vais pas aller plus loin dans la comparaison comptable, parce que :

  • mes neurones vieillis ne s'en sentent pas capables ;
  • tu risquerais de fermer cet article par crainte d'un endormissement soudain.

Pour toi comme pour moi, il vaut mieux en rester là, mais le but était juste de mettre en avant le fait que quoiqu'il arrive c'est ton résultat (bénéfice/perte) qui équilibre ta balance interne. Dans ta petite vie à toi, ça signifie que ce sentiment d'avoir gagné ou perdu par rapport à l'année précédente va remettre les compteurs à zéro et définir les objectifs pour l'année qui arrive. 

(A l'attention des puristes : oui je sais que comptablement ce que je dis là n'est pas tout à fait vrai, mais j'ai voulu me lancer dans cette métaphore comptable & j'ai du mal à ne pas m'y embourber. On fera mieux la prochaine fois, hein, il est tôt et je n'ai bu que deux cafés.)

Comme tous les ans, j'ai donc fait mon petit bilan à moi et, comme l'année dernière, il en est ressorti quelque chose d'assez chouette.

Ce qu'il me reste à faire :
  • passer mon permis ;
  • acheter une maison ;
  • enfanter & élever des chiards (ouais je suis maso).
Ce qui sera fait avant le prochain anniversaire :
  • rien de tout ça !
Eh oui, tout ça ça demande du temps, de l'énergie, de l'argent, et ça nécessite aussi de se trouver pile au moment de sa vie propice à la réalisation de ces projets. Je n'y suis pas encore tout à fait, mais ça va venir. Je m'arme de patience, je fais des plans et des budgets, je discute beaucoup avec mon co-décideur et j'attends. Un jour le calendrier s'arrêtera sur une date et l'horloge sur une heure auxquelles il sera temps de se lancer.

Ce que j'ai acquis :
  • mon maaaaaariaaaaaaaaaage !!!
Depuis plus d'un an maintenant, je suis une épouse. Une épouse plutôt comblée même. Et j'ai envie de te dire qu'à l'heure du bilan, cet unique item dans la liste de ce que j'ai déjà réalisé comble largement, pour la deuxième année consécutive, tous les manques que je peux ressentir en voyant la liste de ce qu'il me reste à accomplir. Parce que j'ai beau râler de ne pas pouvoir devenir propriétaire dans les mois qui viennent, j'ai quand même, depuis lui, cette envie de bâtir notre foyer. J'ai beau être frustrée de ne pas être déjà devenue mère, j'ai enfin, depuis lui, la certitude que je finirai par fonder une famille.
Il est la variable d'ajustement de mon bilan à moi, celle qui me fait me dire que bien sûr, j'ai avancé, bien sûr, j'ai grandi, bien sûr, j'ai déjà accompli de grandes choses.

Je l'ai trouvé LUI, et c'est ma plus belle réussite.

Qu'importe maintenant qu'il faille encore quelques années avant de mettre en branle la suite de mes projets. Ce qui importe c'est qu'ils soient devenus nos projets. Ce qui importe c'est que ces quelques années, je les passerai à ses côtés. 

Je suis à l'heure du bilan, et j'aime cette photo à l'instant T de ce qu'est ma vie. Parce que sur cette photo, je suis à côté de lui.


© Isa - août 2013

jeudi 29 août 2013

...née sous le signe de la Vierge...

J'ai connu en début de semaine cette fatalité annuelle qui est celle du passage à l'âge supérieur. Mon compteur s'est arrêté sur 28 pour les 52 semaines à venir, voilà, c'est fait.

Ce n'était pas une journée parfaite. La plupart des personnes que j'aime le plus au monde n'étaient pas là. Elles étaient même bien loin... Que ce soit à la Réunion, de l'autre côté de l'Ile-de-France ou dans un coin paumé de l'Essonne, c'est de loin qu'elles m'ont envoyé leurs vœux et, bien que pleins d'amour virtuellement envoyé, ces vœux manquaient de la douceur des câlins et de la tendresse des bisous.

(Je sais que tu ne t'attendais pas à ce paragraphe tout guimauve venant de moi, mais je te rappelle que je suis une fille, hein, et que ceci étant dit tu ne peux plus t'étonner que parfois j'ai l'hormone qui me titille -- merci !)

Ce n'était pas une journée parfaite. Il n'y a pas eu de fête, pas d'événement en particulier, pas la moindre goutte d'alcool consommée. Le calendrier ne m'a même pas fait le cadeau de faire que cela tombe un jour non travaillé.

Ce n'était pas une journée parfaite. Je me suis réveillée tôt, j'ai pris les transports, je suis rentrée en ayant très chaud, j'ai dîné, je me suis endormie sur le canapé avant la fin de l'émission de Valérie Damidot.

Ce n'était pas une journée parfaite. Et pourtant...

...et pourtant même si ma mère, mes soeurs, et mes deux meilleurs amis n'étaient pas près de moi, j'ai senti leur amour tout au long de cette journée particulière. Leurs appels, leurs messages, leurs cadeaux & leurs pensées ont traversé les océans, les continents, les frontières et le périphérique Parisien. Vous êtes loin, mais vous et moi on se reçoit 5/5.

...et pourtant même si j'ai dû aller travailler, j'ai quand même été la princesse de la journée, au boulot. Passons sous silence l'affront terrible du congé refusé et du "je-sais-que-c'est-ton-anniversaire-mais-je-ne-te-le-souhaiterai-pas" et concentrons-nous plutôt sur cet instant, suspendu dans un espace-temps où le téléphone ne sonne plus et où nos dossiers s'entassent sans que nous y prêtions attention. Cet instant où l'on m'amène de force à la cafétéria pour y découvrir toutes mes copines réunies autour d'un cadeau commun. Juste pour moi.**

...et pourtant, bien que j'ai été encrassée dans ma routine habituelle du "métro, boulot, dodo", j'ai quand même eu le plaisir de me réveiller et de m'endormir auprès de l'Homme de ma vie qui a été plein de délicates attentions à mon égard toute la soirée. Petit repas d'amoureux, formidables cadeaux, bougies à souffler. Ne lui dites pas, c'est un secret, mais avoir à ses côtés un homme comme celui-ci, c'est un peu comme fêter tous les jours le meilleur des anniversaires. Il est un si joli cadeau de la Vie...

Ce n'était pas une journée parfaite, mais vivement l'année prochaine qu'on refasse exactement la même ! (enfin presque, hein)

Merci à tous ceux qui ont contribué à me mettre quelques étoiles dans les yeux et, sachez-le, d'une façon ou d'une autre, de près ou de loin, d'amour, d'amitié ou de franche camaraderie : je vous aime.

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**Je rajoute une petite mention spéciale pour Céline B., Sandra D. et Neng qui ont participé au cadeau mais pas à la remise pour cause de réunion pour l'une, de vacances pour l'autre et d'expatriation au bout du monde pour la troisième (je ne préciserai pas qui est qui pour que personne ne se doute de kikibosse et de kikibossepas) : vous n'étiez pas là physiquement, mais bien présentes dans mes pensées. Deuxième mention spéciale pour Sandra DM qui, cette année, se l'est joué "perso" en offrant un cadeau à part... : tu as tellement bien choisi ! Troisième mention spéciale à Patricia pour avoir centralisé, organisé, traîné mon être sans force jusqu'à la cafète.

Bon en fait MENTION SPECIALE à tous, parce que vous le valez bien quoi.

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Et un immense MERCI à tous ceux qui m'ont laissé des messages sur Facebook, Twitter, ou via pigeon voyageur/signaux de fumée. Vous assurez les mecs, continuez.

© Isa - août 2013

lundi 26 août 2013

...en manque de piqûre...

Je suis entrée chez lui d'abord pour y rencontrer son collègue pierceur. Ce n'était même pas pour moi. Ce monde là m'avait toujours intriguée mais une partie de moi craignait de ne pas être formatée pour. Je n'avais encore rien compris.

J'y suis retournée plusieurs fois. D'abord pour voir mon frère se faire charcuter à coup de bijoux vissés dans la peau, puis pour moi même embrasser mon destin d'adeptes de "modifications corporelles". J'ai commencé doucement, puis ai renouvelé souvent. 

A chaque fois que j'allais voir Jeff, le pierceur, j'apercevais Mikaël, proprio du shop, et tatoueur. Quelque chose en lui me faisait peur. Il me regardait comme s'il savait que j'en arriverais forcément à revenir pour passer entre ses mains à lui.

J'ai sauté le pas en juillet 2009. Tiens en l'écrivant, ça me fait tout drôle, j'ai l'impression d'être tatouée depuis toujours, ça ne fait que 4 ans. Il y a 4 ans donc, au plus fort de ma période schizophrène, je choisis un dessin représentant à la perfection le mélange des deux forces qui se battent en moi : un chérubin, avec ailes et auréole certes, mais aussi avec une queue et un trident. Ma dualité mi-ange mi-démon se loge au creux de ma poitrine, affichée, assumée, clairement revendiquée.

Les premières piqûres me font mal. Une douleur incomparable à celles connues jusqu'à lors. Rien d'insurmontable, mais impossible à décrire par comparaison tant la sensation est unique. Mais cette sensation physique n'est qu'une petite partie de ce que je ressens vraiment. Mikaël me parle, me questionne ; il sait que j'ai envie de ça depuis longtemps et s'étonne que je ne sois pas venue plus tôt, alors je lui avoue timidement que j'avais un peu peur de faire tâche dans le monde des tatoués. Il rit, amusé, et me rassure : il n'y a pas de stéréotype de tatoués, pas de prérequis non plus... mon passage à l'acte à lui seul cale ma légitimité. Après cette prise de conscience, le contact de l'aiguille est bizarrement nettement moins douloureux.

Fierté les mois qui suivent. Affichage dudit tatoo à la moindre occasion : mon nichon oublie toute pudeur et s'affiche sans complexe aux yeux de qui veut le voir. Montrer un sein tatoué n'est pas un acte sexué -- le tattoo, sa forme, ses couleurs, sa symbolique et la façon dont son propriétaire en parle importent bien plus que la partie du corps que tu dévoiles en le dévoilant lui.

Après la fierté, le vide. L'envie de recommencer, encore. Tu sais bien qu'il ne faut pas te précipiter mais tu te surprends à fouiner sur le net, à demander conseil, à réfléchir à un financement... de plus en plus souvent... Jusqu'à ce que le désir soit trop fort pour rester enfoui. Là, tu t'arranges en un rien de temps pour que toutes les conditions soient réunies, et tu retournes à l'aiguille tel un assoiffé va à la fontaine. Avec détermination et conviction. Sans que plus rien d'autre ne compte autour.

Deuxième séance en octobre 2010. A une période où l'Amour n'a pas sa place dans ma vie, tant et si bien qu'on me dit souvent que j'ai un vrai coeur d'artichaut... Banco, un artichaut pousse désormais à ma cheville...

Puis je contiens et retiens mes élans pendant près de 18 mois. Ce n'est qu'en mars 2012 que je fais graver un barbelé sur mon avant-bras, de la forme de mon chiffre fétiche. Le plus visible de mes tatouages est également celui qui crie au monde de ne pas m'approcher de trop près. Qui s'y frotte s'y pique, tiens le toi pour dit.

Bientôt 1 an et demi que je n'ai pas senti la morsure de l'aiguille me trouer la chair. Que je n'ai pas baigné dans l'ambiance si particulière -- peuplée d'icônes religieuses sur fond de hard rock -- de la cabine de Mikaël. Que je n'ai pas exhibé fièrement ma nouvelle gravure.

Deux projets me trottent dans la tête, les dessins de base sont trouvés, il n'y a plus qu'à les personnaliser. Dans mon cerveau de camée en manque, les images fusent et sont si réelles que je me sens frustrée de ne pas les voir apparaître là, quelque part sur ma peau.

Je pense qu'il est grandement temps d'y remédier.

 © Isa - août 2013

dimanche 25 août 2013

...une professionnelle de la lubie éphémère...

Je multiplie les lubies.
Qui ne durent jamais bien longtemps.
C'est du grand n'importe quoi.

Les dernières en date :

J'en ai marre de mon boulot. Alors régulièrement je me lance dans de nouveaux projets pour m'en échapper. Début 2013 je crois avoir une révélation : j'aime les faux ongles, le nail art toussa toussa et je me dis que c'est un projet de reconversion absolument parfait. Exit le fait que je ne pense pas pouvoir exercer un métier autre qu' "intellectuel" (attention y a pas de dénigrement là-dedans, juste un constat perso), exit également le fait que je ne sois pas du tout -- non ça mérite des majuscules pardon -- DU TOUT manuelle, exit ma formation en management et mes années d'expérience dans le monde de l'assistance. J'envoie valser tout ça et ni une, ni deux, je me projette en prothésiste ongulaire. Je me rencarde sur les formations qui existent, décide d'aller en parler dès que possible au service formation de ma boîte pour me faire financer le stage en DIF. J'en viens même à investir dans le matos de base.


Évidemment je suis la plus heureuse du monde à la réception du kit. Des kits même (parce que moi j'en prends deux, je suis comme ça, je ne fais pas dans la demie-mesure hein).
J'ai joué 3-4 fois avec. Et encore, je n'ai pas tout utilisé. Tu l'auras compris, le fantasme n'aura pas survécu au passage à la pratique.
Tous les instruments/ pots/ pinceaux prennent la poussière dans un placard de la salle de bain que je n'ouvre plus depuis plusieurs mois. Par honte/regret/flemme (ne cherche pas à rayer la mention inutile, il n'y en a pas).
Coût de l'opération : une bonne centaine d'euros. Perdus. Et je suis rédactrice-gestionnaire. Encore.

Je suis une régimeuse. Éternelle, inconditionnelle, perpétuelle. Ça fera même l'objet d'un billet doux à venir ici. Régulièrement je teste de nouvelles façons de maigrir & je le fais savoir. Au mois de mai j'ai décidé de me mettre au sport et je commence alors à courir. Bien sûr comme je suis du genre à donner dans la frénésie, je n'y vais pas de main morte : je commence par un programme d'entraînement pour débutant et j'y vais tous les deux jours, en augmentant à chaque fois l'effort fourni. Evidemment dès la troisième séance j'ai l'impression d'avoir enfin trouvé la grande passion de ma vie. Alors je me trouve sous-équipée. Donc j'investis.


J'achète d'abord une tenue complète, allant du coupe-vent aux baskets en passant par les sous-vêtements "sport". Puis une montre que je choisis pour ces innombrables capacités. Je me la raconte, je poste des photos et des statuts dégoulinants de fierté sur mon mur Facebook. J'augmente le nombre de kilomètres courus et la vitesse, doucement mais sûrement. Je suis tellement emballée que je décide même de m'inscrire à une course, la première d'une longue lignée j'en suis certaine, qui aura lieu en septembre. J'engraine mes collègues à s'inscrire avec moi à base de "tu sais les frais d'inscription sont pris en charge par la boîte" / "oh 6 kilomètres c'est les doigts dans le pif avec un peu d'entraînement' / "tu vas quand même pas me laisser faire ça toute seule !" qui finissent par payer car deux d'entre elles se dévouent pour participer à la course.
A l'heure qu'il est, laisse moi te dire que :
  • je n'ai pas couru depuis fin mai
  • je n'ai pas finalisé mon inscription à la course (mes collègues si)
  • vu que j'ai repris 3 kilos je ne dois plus rentrer dans ma tenue -- de toute façon je ne sais même pas où elle est
  • ma montre a disparu dans les limbes du foutoir qu'il y a sur l'étagère de mon salon
Coût de l'opération : 150 euros au bas mot. Deux copines en moins. Et trois kilos en plus.

Je pourrais t'en citer plein, des exemples comme ces deux-là. Mais pour le bien-être de mon estime de moi souvent malmenée, je vais m'arrêter pour aujourd'hui & te souhaiter un bon dimanche !

© Isa - août 2013

samedi 24 août 2013

...une parolière... [Tout Changer]

 
Y a plus rien à dire
Que veux-tu qu'on y fasse ?
Le moindre de tes sourires
Fait fondre ma glace

Y a plus rien à faire
Si ce n’est t’avouer
Tu me fais vivre un enfer
En me faisant t’aimer
Y a plus rien à dire
Tout est foutu d’avance
Moi je vais en souffrir
Toi tu mènes la danse
Y a plus rien à faire
Il est déjà trop tard
J’ai peur quand je te perds
Et j’ai mal quand tu pars
J’ai beau aimer ton amitié
Je ne saurai plus m’en contenter
Dans quelques mois, quelques années,
Quand l’amour aura tout changé…
J’ai beau aimer notre amitié
Comment faire pour oublier
Que je ne cesse de te désirer
Que l’amour va tout changer…
Y a plus rien à dire
Tu es beaucoup trop belle
Pour que s’envole le désir
On lui a brûlé les ailes
Y a plus rien à faire
Moi je suis comme en transe
Même si tu es la première
C’est comme une évidence
Y a plus rien à dire
Tout est noir, tout est gris
J’ai peur que ça empire
Que j’en perde une amie
Y a plus rien à faire
Je sais que je t’attends
Traverseras-tu la frontière
Qui nous sépare maintenant ?
J’ai beau aimer ton amitié
Je ne saurai plus m’en contenter
Dans quelques mois, quelques années,
Quand l’amour aura tout changé…
J’ai beau aimer notre amitié
Comment faire pour oublier
Que je ne cesse de te désirer
Que l’amour va tout changer…
Car l'amour va... tout changer !

© Isa - août 2013

jeudi 22 août 2013

...élue au Comité d'Entreprise...

Tout a commencé un peu par hasard.

Depuis que je travaille, je suis syndiquée. J'ai toujours partagé la vision de Brecht :  

« Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu.  »

D'abord un petit détour par un syndicat qui ne me convient finalement pas, et puis l'adhésion à un autre où je me sens bien mieux.

A la veille des élections professionnelles de 2011, notre déléguée syndicale en appelle aux quelques adhérentes travaillant au sein de mon Département, moi y compris donc : elle souhaiterait qu'au moins l'une d'entre nous apparaisse sur les listes électorales, pour que notre service soit enfin représenté dans les instances. Pour nous convaincre, elle propose de nous positionner en bas de liste et nous explique que nous aurons de toute façon peu de chances d'être effectivement élues. 

Mes collègues ne sont pas forcément emballées, moi je dis que je prends le temps de la réflexion. Et je cogite donc. Là je réalise qu'être syndiqué n'est pas tout à fait un engagement. C'est s'inscrire au sein d'une mobilisation commune, c'est donner du poids et des moyens à ceux qui œuvreront ensuite à l'amélioration des conditions de travail des salariés, c'est faire partie d'un groupe à qui on demandera toujours son avis avant les prises de décisions et les négociations. C'est déjà beaucoup, certes, mais ce n'est pas un engagement. 

Alors je m'interroge : ai-je envie de m'impliquer davantage ? Suis-je prête à augmenter nettement ma visibilité au sein de l'entreprise ? Ai-je les épaules pour intervenir au cours de réunions face à la Direction ou aux autres syndicats, parfois hostiles ? 

La réponse à ces questions n'est pas un "oui" ferme et franc, je reste mitigée. Mon manque de confiance en moi, ma timidité, ma peur de m'exprimer en public me font beaucoup douter. Pourtant, l'envie est là. Je reprends contact avec la déléguée syndicale, elle me confirme que si j'accepte, elle me placera en milieu de liste, ce qui signifie que je ne serai probablement pas élue. Je suis un peu sur la réserve mais finis par dire oui. 

Puis les élections arrivent, un vendredi. Dépouillement. Proclamation des résultats. Carton plein pour notre syndicat. J'apprends au cours du week-end que je fais partie des candidats élus. Je me réjouis pour mon équipe, mais je commence à angoisser, tout cela devient bien plus concret et je ne sais pas vraiment dans quoi je viens de m'embarquer.

Mon premier mandat sera le théâtre de mon apprentissage. Au cours des premiers mois, je suis en  formation et j'observe beaucoup les autres. Je suis un peu en retrait, dans l'observation. Des problèmes de santé m'imposent un arrêt de travail un peu long puis une reprise à mi-temps thérapeutique. Des problèmes personnels retiennent mon attention en dehors du travail. Ces deux facteurs ont pour conséquence que je ne m'implique pas autant que je le voudrais, autant qu'il le faudrait. C'est à la toute fin de ce premier mandat que je commence à me sentir à ma place et que je réalise que j'ai envie de m'investir bien plus. Les élections de 2013 approchant, je sens de nouveau poindre l'angoisse, sauf que cette fois, je n'ai pas peur d'être élue, mais au contraire que les déléguées syndicales (elles sont deux maintenant) ne me proposent plus le job, déçues par ces deux premières années où je n'ai pas été au meilleur de ma forme et donc de mon implication.

Mais elles me renouvellent leur confiance. Elles décident même de me faire monter d'un cran sur la liste, pour assurer mon élection, et elles me rassurent : je n'ai pas été beaucoup là, mais elles sentent l'envie et la motivation.

Les salariés eux aussi nous renouvellent leur confiance : nouveau carton plein en mars dernier.

Aujourd'hui, je suis bien plus impliquée. Je me suis inscrite à plusieurs commissions, je m'implique dans la construction des procédures, je me rends visible et embrasse réellement mon rôle d'interlocuteur auprès des salariés.

Il me faut gérer ma timidité et mon déficit en assurance, mais plus le temps passe et plus je suis à l'aise dans le rôle que le syndicat et mes collègues m'ont confié. 

J'aime vraiment cette casquette là ; je ne sais pas si elle me va bien, mais je l'aime beaucoup.

D'ailleurs je te laisse, j'ai réunion aujourd'hui.

Parce qu'en plus d'être blogueuse, je suis aussi... élue au Comité d'Entreprise !


© Isa - août 2013

mercredi 21 août 2013

...pleine de variations sur le même thème : [insomnie]...

L'insomnie a cela de beau qu'elle me permet de vivre dans un monde bien à moi, un monde où seul le bruit de la nuit se mêle à celui des mes doigts qui pianotent frénétiquement sur mon clavier... Elle m'offre ce moment si particulier de me sentir seule sur Terre, avec le lot d'angoisses que cela apporte bien sûr, mais une angoisse mêlée d'une inquiétante quiétude.

Mon insomnie revêt plusieurs formes : ces derniers jours, elle me faisait me coucher très tôt le soir, en tout début de soirée, et me réveillait au milieu de la nuit sans que je ne puisse me rendormir après. Les journées qui viennent de s'écouler ont donc toutes commencé vers 4h du matin, quand il fait encore si nuit dehors qu'on se doute à peine que parfois le même ciel peut-être rayonnant de lumière.
Ce soir mon insomnie me joue un autre tour : elle me tient éveillée à une heure où les gens raisonnables sont déjà tous en plein sommeil, elle écarte les bras de Morphée qui ne m'entourent plus de leur cocon protecteur, elle chasse le Marchand de Sable qui a bien du mal à se frayer un chemin jusqu'à mes yeux pourtant si fatigués.

Dans ces moments-là je lutte pour rester éveillée, je le sens, mon corps réclame que je m'abandonne au confort douillet de mes draps fleuris mais ma tête m'impose de jouer les prolongations encore un peu, juste quelques minutes, juste le temps de rédiger ces quelques mots me dit-elle. Mais elle me ment, je la connais par coeur, et je sais qu'aussitôt ce billet publié, elle trouvera une autre tout aussi bonne raison de me garder en alerte.

Dans ces moments-là...

...il n'y a que moi et mon décor, mon bureau qui me rassure, la lumière bleutée des touches de mon PC et la cigarette qui se consume seule dans le cendrier, toute délaissée qu'elle est par l'urgence de mon désir d'écrire bien plus puissante que l'envie de fumer.

...il n'y a que moi et ma page blanche, que je choisis tantôt sous la forme d'une feuille de papier, tantôt sur l'écran de mon éditeur Web, tantôt juste dans des cases qui s'ouvrent et se referment, se vident et se remplissent dans un coin de mon cerveau déchaîné.

...il n'y a que moi et mes questionnements, mes tentatives de réponses, mes ébauches de solutions, puis mon brusque lâcher-prise au moment où je décide que finalement la question ne mérite plus que je m'y penche.

...il n'y a que moi et mes résolutions, les promesses faites à moi même de lendemains qui seront plus ceci, moins cela, et toute ma capacité à prendre les décisions radicales qui s'imposent à moi --- d'une ampleur bien trop lourde pour mes deux bras, bien trop large pour mes deux épaules, certes, mais ça, c'est demain que je m'en apercevrai, immanquablement.

...il n'y a que moi et mes listes de choses à faire, mes projets qui se construisent, mes recherches poussées sur ma lubie du moment, mes post-it griffonnés qui finiront, je le sais déjà, au fond de ma corbeille à papier sans que rien n'ait avancé.

...il n'y a que moi et mes prières à ces anges auxquels je crois parfois, les voeux que je prépare pour les prochaines bougies que je soufflerai ou la prochaine étoile filante que je croiserai, les souhaits que je hiérarchise pour la prochaine liste que j'enverrai au Père Noël ou à tout autre bienfaiteur qui aurait à coeur de les exaucer.

...il n'y a que moi et les révélations imposées par ce tête-à-tête solitaire, la prise de conscience de celle que je suis, de ce dont je manque, de mes victoires aussi, mais de mes défaites surtout.

...il n'y a que moi et mes pensées qui s'envolent vers ceux qui comptent et compteront toujours, ceux qui sont là tout près, ceux qui m'ont été arrachés par la Vie, ceux qui sont si loin mais pourtant toujours présents.

...il n'y a que moi et malgré tout cette envie de communiquer, par le biais de ce billet, avec le monde qui m'entoure...

Et demain, que restera-t-il de tout cela ?
Ces mots tapotés dans le vif d'une émotion mélancolique qui m'empêche de les organiser, de les structurer, pour en faire un article que je pourrais être fière d'avoir publié.
Une tasse à café vide, un cendrier plein.
Des questions restées sans réponse, des décisions que je n'assumerai déjà plus.
Des post-it chiffonnés dans la corbeille.
Le souvenir hébété d'avoir cru à des anges bienfaiteurs qui n'existent que la nuit.

Insomnie.

© Isa - août 2013

lundi 19 août 2013

...la fille de ma mère...


Je ne suis pas celle qui lui ressemble le plus physiquement. Ma petite soeur Claire est son portrait craché & les gens n'ont de cesse de l'appeler "la petite Mino" (surnom de ma Môman donc).

Quand je m'arrange un peu --- à savoir quand je lisse ma crinière de feu & que je porte mes petites lunettes --- on me dit alors que je suis bien "la fille de ma mère" et il ne doit pas y avoir beaucoup de remarques sur mon physique qui me font plus plaisir que celle-ci.

Déjà, parce que ma mère, eh bien elle est jolie. Je pense que c'est une évidence même, que ce soit pour ceux qui la connaissent et qui donc savent qu'elle est belle, ou pour ceux qui me connaissent moi et qui donc savent que je l'aime si fort qu'évidemment je ne peux que la trouver belle. Ne parlons pas bien sûr de ceux qui par bonheur ont l'extrême chance de nous connaître toutes les deux.

Mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle je suis flattée qu'on nous trouve une ressemblance. Et ce n'est pas non plus la plus importante à mes yeux.

Parce que dans les yeux de la petite fille que je serai toujours quand on parlera de ma maman, il n'y a pas que sa beauté que j'envie & admire. Je pourrais parler des heures de sa classe folle, à celle qui, sans jamais porter une seule jupe ou robe ni un seul trait de maquillage, n'en reste pas moins une vraie figure de féminité. C'est ce petit quelque chose dans sa démarche, ou peut-être ce petit truc dans sa posture, qui la rendent malgré l'absence de chichis bien plus femme que certaines qui s'affublent de beaucoup d'artifices pour espérer briller en société. Ma mère n'a pas besoin de se rendre femme, elle l'est, naturellement.

Ceux qui l'ont déjà croisée peuvent s'offusquer de la dureté de ses regards, de la fermeté de son visage. A ceux-là, j'ai envie de crier qu'elle a vécu tellement de vies dans sa jeune vie, qu'elle a souffert tellement plus souvent qu'à son tour, qu'elle a aimé tellement de personnes qui n'ont pas su lui rendre cet amour, qu'il est normal et évident qu'elle puisse paraître dure si on ne cherche pas à creuser un peu. Elle n'est pas très tactile, pas très affable certes. Mais quand on fouille sous le masque et la carapace qu'elle revêt quotidiennement pour ne plus être exposée à la méchanceté des uns et à la mesquinerie des autres, on trouve un puits de douceur & de l'amour comme il est rare d'en trouver : cet amour qu'elle ne dit que du bout des lèvres mais que tout en elle respire, tant elle aime aimer ceux qui l'entourent. Avec moi d'ailleurs, plus le temps passe et plus elle arrive à exprimer ses sentiments : elle m'aime, je le sais, elle me le dit, et elle me le répète avec bienveillance dans les moments où l'amour inconditionnel d'une maman est le seul pansement qui soulage un peu mes plaies.

Et elle est forte, ma mère. Elle a vogué sur des bateaux qui ont connu bien des tempêtes. Elle a beau être née sur une île, elle n'a pas connu que des jours de grand soleil dans la météo de son existence. Mais malgré la mer agitée, et malgré ceux qui ont pu lui reprocher de ne pas avoir le pied marin, elle a mené sa barque tant bien que mal et elle y est arrivée.

Aujourd'hui elle a fait de ses quatre enfants quatre adultes bien différents les uns des autres. Pourtant, aucune des pommes que nous sommes chacun n'est tombée bien loin de l'arbre. A notre manière, nous lui ressemblons tous.

Pour ne parler que de moi, par exemple : c'est d'elle que je tiens ma capacité à me lancer dans une histoire d'amour en faisant fi de ce que les autres autour en pensent, et grand bien m'en fasse d'ailleurs ; c'est d'elle que je tiens ma motivation pour me lever chaque matin et pour aller chercher dans un milieu parfois hostile le salaire qui tombera à la fin du mois ; c'est d'elle que je tiens mon aptitude à dire "je t'aime" et à câliner (et je vois bien en échangeant avec certain(e)s de mes ami(e)s que cela dépend grandement de l'éducation reçue) ; c'est d'elle que je tiens mon goût pour les mots et ma hantise des fautes d'orthographe ; c'est d'elle que je tiens ma conviction que quoi qu'il arrive et malgré les kilomètres, nous sommes et resterons toujours les membres liés et connectés d'une même famille.

Je l'aime d'un amour qu'il m'est difficile de mettre en mots... Je terminerai donc en disant simplement que j'en suis extrêmement fière, d'être... "la fille de ma mère"... !

© Isa - août 2013

dimanche 18 août 2013

...Réunionnaise ET banlieusarde...

J'ai débarqué de mon île natale en juillet 1997, quelques semaines avant de fêter mon douzième anniversaire.

Quand nous sommes arrivés, il y a 16 ans donc, c'était encore les vacances d'été, et ce mois et demi avant la confrontation avec les autres enfants de mon âge a été le théâtre d'une grande excitation, d'un grand bonheur : j'étais plus que ravie de m'installer près de Paris, loin de cette île que je trouvais bien trop petite, bien trop familière, bien trop étroite pour mes ambitions...

Et puis l'école a repris et c'est à 9000 kilomètres de mes anciens amis et professeurs que j'ai fait cette rentrée des classes toute particulière : j'étais encore plus stressée, encore plus nerveuse, encore plus intimidée que les années précédentes. Tout était nouveau pour moi : prendre le bus pour aller au collège, rester manger à la cantine le midi, être en école privée, ne reconnaître aucun visage familier.

L'objet de ce billet n'est pas de multiplier les exemples du choc culturel qu'a représenté pour moi notre installation ici. Il y en a tellement... Mais pour n'en citer que quelques-uns... :

  • ne plus entendre l'appel à la prière résonner le soir à la tombée de la nuit, parce qu'ici les mosquées sont silencieuses... 
  • dans la même veine, être inscrite en école privée catholique où en tout et pour tout et en forçant le trait il devait y avoir 10 "non-Blancs"...
  • être moquée parce que je porte des jupes à fleurs & des robes colorées...
  • ne plus aimer le contact de la pluie avec ma peau, parce qu'elle n'est pas chaude & qu'elle ne sent pas la mer...
Il a fallu s'adapter, et vite. Acheter des pantalons et des sweats noirs. Trouver des occupations indoor parce qu'on ne peut plus vivre dehors. Apprendre et reproduire le langage de la banlieue. En profiter pour gommer son accent "des îles" comme disent ceux d'ici qui aiment à nous regrouper tous dans ce lointain "ailleurs" qu'ils ne situent pas très bien. Apprendre les saisons et ce qui va avec : la mode d'hiver, la mode d'été, la cuisine d'hiver, la cuisine d'été. Ici si tu manges une glace un 27 décembre ou une raclette un 12 juillet, tu passes pour quelqu'un de décalé. Et être décalée, ça, moi, je ne le voulais pas. J'étais déjà l'intello, j'étais aussi la grosse, j'étais évidemment la nouvelle. Je ne voulais pas en plus être la bizarre.

Alors j'ai trouvé des parades. Difficile aujourd'hui pour moi de détailler, parce que j'ai un peu honte de ce que j'ai fait, de la vie que je m'inventais, des vices que je me vantais d'avoir, des sacrifices que j'ai commis pour espérer être acceptée. Tant bien que mal, je me suis adaptée. En tout cas, j'ai survécu à cette période étrange qui paraissait n'en plus finir - cette période où tu aimerais tellement être tout sauf ce que tu sais être, là, au fond.

Je n'étais pas très populaire, mais je me suis entourée de quelques amies solides, présentes. J'ai caché mon manque de confiance en moi sous des couches toujours plus importantes de graisse, toujours plus sombres de vêtements difformes. J'ai parlé comme eux, comme une banlieusarde. J'ai mangé comme eux, comme une Métropolitaine. Je me suis habillée comme eux, comme une adolescente lambda.

 Et j'ai poussé comme ça, aussi grise que le ciel au-dessus de ma tête, peut-être même aussi froide que les hivers rugueux que j'ai traversés. Je me suis construite dans ce décor, avec ses règles et ses codes, qui sont devenus mes règles, mes codes. Je suis devenue une banlieusarde qui n'a plus grand chose d'une Réunionnaise.

Pourtant... 16 ans plus tard, alors que j'ai passé bien plus de temps ici qu'à La Réunion, je m'étonne encore de ressentir violemment, profondément, le manque de mon territoire natal, comme une pichenette de mes racines qui viendraient me rappeler régulièrement que je ne suis pas tout à fait d'ici. Que je simule quand je dis être parfaitement adaptée à la vie métropolitaine. Que je feins d'avoir tout ce qu'il me faut quand je me contente de ne voir la mer que tous les 36 du mois. Que je manque de soleil, de chaleur, de métissage, de tolérance, de vivre-ensemble, de sable, de montagnes, d'air frais, de vert, de bleu et d'ocre. Que je pourrais élever mes enfants dans l'indifférence parisienne et en leur apprenant à nager dans une piscine. J'ai tellement aimé grandir au bord de l'Océan...

Malgré tout, je ne suis pas non plus tout à fait de là-bas. Je parle le Créole bien sûr, mais j'ai du mal à comprendre toutes ses subtilités. J'ai connu la possibilité d'être à quelques heures de route de nombreux pays et ai du mal à m'imaginer revivre sur ce petit caillou si isolé du reste du monde. Je ne pourrais plus manger du riz tous les jours comme on le fait là-bas. Et si ici je me plains parfois de l'indifférence ambiante, saurais-je de nouveau vivre là où tout le monde sait tout de tout le monde ?


Le déracinement a cela de vil qu'il nous fait perdre nos repères et nous en approprier de nouveaux qui ne seront jamais vraiment les nôtres ; je ne suis ni juste Réunionnaise, ni juste banlieusarde, mais plutôt à mi-chemin entre ces deux identités qui ne sont que partiellement miennes...

© Isa - août 2013

..."dans le monde de l'assurance"...

J'éprouve la plus grande difficulté du monde à expliquer ce que je fais dans la vie. Et quand une amoureuse de la langue française ne trouve pas ses mots, ça a plutôt tendance à l'énerver...

Je décide donc de m'y coller une fois pour toutes ici & maintenant. A l'avenir, devant les regards pleins d'incompréhension & d'interrogations inexprimées, je donnerai le lien de ce billet. L'objectif est purement égoïste bien sûr, et doublement en plus ! Il s'agit là de :

1/ botter en touche dans un moment qui bien souvent pour moi devient vite gênant : ça va de l'hésitation ("euh... oui je suis dans l'assurance, enfin non, enfin pas tout à fait...") à la tentative de simplification un peu grossière ("en gros je passe ma journée à rembourser des assurés") en passant par des phases où au contraire j'ai envie de montrer la complexité de la chose ("non non on intervient pas seulement dans le domaine de l'auto, parfois tu vois je rembourse de la location de télé" ET/OU "je ne fais pas que payer, parfois je demande de l'argent aussi") et se terminant souvent par cette phrase de fin où, dépitée, je balance le nom d'une compagnie concurrente pour aider mon interlocuteur à remonter à la surface, tout noyé qu'il est par les vagues d'informations que je lui envoie ("attends tu connais Mondial Assistance non ? bah voilà, on fait la même chose, mais pas pour les mêmes assurés"). Quand j'en arrive là, c'est que j'ai perdu tout espoir de me faire comprendre autrement et c'est pas beau à voir. La personne en face y voit certes un peu plus clair mais moi quand je me retrouve ensuite seule face à ma conscience je culpabilise de ne pas savoir "vendre" ma boîte sans être obligée de citer la concurrence. (Oui je suis corporate, je le sais, je l'assume, merci). (Mais je me soigne).

2/ sauter sur l'occasion provoquée par cette question aussi pénible qu'incontournable pour rameuter des lecteurs sur mon petit blog : "tu fais quoi dans la vie toi déjà ?" "oh, pfiouuuu, c'est un peu long à expliquer tout ça... mais va faire un petit tour sur mon blog, j'y ai tout bien expliqué !" "ah oui tu es aussi blogueuse ?"... Et voilà la conversation prend une tournure qui m'intéresse bien davantage.

Donc, revenons au sujet principal, car même si beaucoup d'indices ont été donnés ci-dessus, la chose n'en reste pas moins encore obscure.
Allons-y en douceur, faisons-le par étapes.

1. Nous avons tous des contrats d'assurance : auto, habitation, santé, etc...
2. Ces contrats sont pratiquement toujours vendus avec des garanties d'assistance :
  • pour un contrat auto : assistance en cas de panne, d'accident, de vol...
  • pour un contrat habitation : assistance en cas de perte de clés, de tentative d'effraction, d'incendie, de catastrophe naturelle...
  • pour un contrat santé : assistance pendant/après une hospitalisation, en cas de maladie à l'étranger...
3. Ces garanties d'assistance ne sont pas gérées par les compagnies d'assurance auprès desquelles nous avons souscrit nos contrats, mais sous-traitées par des compagnies spécialisées dont c'est le coeur de métier. Les liens juridiques entre la Compagnie d'Assurances et la Société d'Assistance peuvent revêtir différentes formes (convention ou filiation).
4. Je travaille pour F****** Assistance, qui est la filiale d'une SGAM (groupement de plusieurs organismes de mutuelle) dont font partie trois très, très gros acteurs français de l'assurance mutualiste. Je ne les cite pas, mais vous connaissez tous leur côté assurément humain, ou sans tracas ni blabla, ou bien même efficace et pas cher.
5. La plus grosse population de l'effectif de ma boîte est celle des chargés d'assistance : vous avez un pépin ? H24, 7 jours sur 7, ils répondent à vos appels et mettent en place les prestations d'urgence auxquelles vous avez droit.
6. Il arrive parfois que vous oubliiez de les appeler au moment du pépin rencontré ; il arrive aussi que bien que vous les ayez appelés, ils n'aient pas été en mesure de prendre en charge directement une prestation à laquelle vous avez droit (exemple : voiture en panne, vous avez besoin d'un taxi pour rentrer chez vous mais ne pouvez attendre qu'on vous en appelle un, vous sautez donc dans le premier taxi qui passe et réglez la course). C'est précisément dans l'un ou l'autre de ces deux cas que j'interviens : vous envoyez les justificatifs des frais que vous avez engagés et là, si je suis de bonne humeur si vous y avez contractuellement droit,  je vous rembourse.
7. Une autre partie de ce fabuleux métier de "rédacteur-gestionnaire" (c'est comme cela que nous nous appelons, moi et la trentaine d'autres travaillant au sein du même département) est une activité de refacturation. Pour des raisons diverses et variées, il nous arrive d'avoir à demander le remboursement des frais pris en charges dans un dossier. Un exemple qui devrait bien vous parler (même si heureusement ça n'arrive pas SI souvent) : vous avez un accident de voiture, on appelle un dépanneur, un taxi pour vous ramener chez vous et on les règle. Puis on apprend quelques jours après que vous étiez sous l'emprise de l'alcool au moment de l'accident. Là vous ne passerez pas à côté d'une belle déchéance de garantie entraînant immédiatement la refacturation intégrale des sommes réglées. Et bien ça aussi c'est bibi qui le fait.

Je bosse 6h48 par jour, 5 jours par semaine, soit un total de 34 heures. Mes journées sont ponctuées par ce qui est décrit ci-dessus mais également par d'autres missions annexes : votre bien dévouée est en effet également "référente" au sein de son service mais aussi et surtout élue au Comité d'Entreprise de la Société. Mais ça, ce sont deux autres histoires... qui feront chacune l'objet d'un prochain "parce que je suis aussi..." !

Merci à ceux qui ne se sont pas endormis, et gros yeux à ceux qui oseront encore, après ça, me demander d'expliquer mon métier. M'enfin, c'est pas si compliqué.

© Isa - août 2013

samedi 17 août 2013

...partout & même ici...

A chacun ses lieux de prédilection. Certains aiment passer du temps dans la nature à respirer de grands bols d'air, d'autres dans des centres commerciaux à faire frémir leur carte bleue ou parfois juste lécher des vitrines ; certains voyagent tellement qu'ils sont toujours en transit entre deux avions ou deux trains tandis que d'autres ne sont bien que chez eux... Lorsque certains courent les musées et les monuments historiques, d'autres préfèrent lézarder au bord de l'eau ; et pendant que certains apprécient la caresse des rayons du soleil, d'autres recherchent le petit coin d'ombre qui les en protègera.

Pendant ce temps-là, où suis-je, moi ?

La réponse à cette question ne peut être apportée qu'en deux temps. Il y a d'abord mon moi physique, mon enveloppe corporelle, la carcasse que je traîne depuis quelques années. Cette Isa là ne bouge pas énormément : elle partage son temps entre les Yvelines où elle se niche au 5ème et dernier étage d'un petit immeuble plaisirois & les Hauts-de-Seine où elle se fond dans la masse des 600 autres salariés qui travaillent comme elle au siège d'une grosse boîte d'assistance. Entre les deux, elle navigue sur les rails matin & soir et croise dans cette transhumance quotidienne des milieux d'autres usagers des lignes franciliennes de la SNCF. Parfois, elle s'exporte ailleurs : un petit tour à la Capitale par-ci, par-là, des vacances au soleil de temps en temps. Rarement, mais ça arrive.

Et puis il y a mon moi virtuel. Mon e-moi. Cette partie là de mon identité a le formidable privilège de pouvoir être partout à la fois... Quelque soit l'endroit où se trouve mon moi physique, je peux également être n'importe où ailleurs dès lors que j'ai avec moi un outil me reliant au monde et à ses alentours. Mon PC, mon Smartphone, mon iPad... tous les moyens sont bons pour me transporter en une fraction de seconde là où je ne suis pas vraiment, mais un peu quand même. Il y a quelque chose de magique dans les nouvelles technologies... !

Visualisons : mon enveloppe corporelle arrive sur mon lieu de travail vers 7h30 et se sert un petit café au distributeur de boissons chaudes. Une vibration plus tard, je discute via une application quelconque (nous avons l'embarras du choix) avec ma mère qui se trouve à plus de 9000 kilomètres de là. Et l'espace de quelques minutes, nous nous retrouvons toutes les deux dans un endroit virtuel n'appartenant qu'à nous, situé quelque part entre l'île de la Réunion et Saint-Cloud, banlieue parisienne. Puis je m'installe à mon bureau et, avant de commencer à travailler, je parcours mon fil Twitter et suis tour à tour au beau milieu du restaurant d'un hôtel du Loiret d'où un conducteur de trains poste une photo de son petit-déjeuner après un découché, dans une rame bondée du RER A où un usager twitte son mécontentement suite à un énième retard inexpliqué, ou à Las Vegas avec les participants du WSOP qui partagent leurs peurs et leur excitation avec leurs abonnés du monde entier. S'il me reste quelques minutes encore après tout ça, mon fil d'actu Facebook m'emmène dans la chambre d'un hôpital parisien d'où mon cousin raconte ses douleurs et ses victoires juste avant de m'expédier de nouveau à La Réunion via une photo postée par Marion qui a la même nostalgie que moi de cette île où nous ne sommes pas.

Je suis donc un peu partout à la fois, et je trouve cela tellement grisant que je multiplie ma présence internetoire : Facebook, Twitter, Tumblr, Google+, Instagram, on peut me trouver dans tous ces endroits là.
Étonnant donc que jusqu'ici, on ne me voyait sur aucune plateforme de blog. Ça n'a pas toujours été le cas : j'ai été blogueuse bien avant d'avoir été quoi que ce soit d'autre sur la toile, mais un long-et-compliqué-à-raconter-concours-de-circonstances m'a ôté cette casquette là pendant quelques mois (années ?) et j'avoue qu'il aura fallu bien des heures de cogitation intensive pour que je m'y remette.

L'essai est timide : je lâche ces premiers mots juste pour voir si quelque chose de bon peut ressortir de cette nouvelle tentative. Il faudra prendre le temps de regarder si ce que je sème là peut pousser... Pas sûr que le terrain soit fertile, ni que je sois rigoureuse dans l'arrosage.
On ne sait donc pas pour combien de temps, mais pour l'instant, je suis aussi ici.

© Isa - août 2013