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mercredi 25 septembre 2013

...redescendue en pression...

Je ne me réjouis pas du malheur des autres, jamais. Même pas quand ça m'arrange.
Mais je dois t'avouer que le mail de la nana de la Direction des Ressources Humaines, reçu hier soit 24 heures avant notre rendez-vous qu'elle était contrainte d'annuler pour cause d'arrêt de travail, m'a arraché un (gros) soupir de soulagement.

Je l'aime bien pourtant, Machine. Souviens-toi, je t'en avais parlé . J'avais même plutôt hâte de la revoir, parce que j'attendais la nouvelle claque avec impatience, je suis un peu maso moi. Besoin de voir si elle appuierait encore là où ça fait mal, parce que mine de rien ça fait aussi du bien. Mais bon, elle est malade, elle a le droit hein et je t'avoue que là tout de suite, ça m'arrange.

La dernière fois que nous nous sommes vues, elle m'avait donné pour le rendez-vous d'aujourd'hui une liste de trucs à faire longue comme mes deux bras mis bout à bout. Plus ceux de Stromaé. Je te laisse quelques secondes pour visualiser.

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(tu vois un peu là ?)

Et évidemment, pas des trucs simples hein. Pas des trucs coolissimes comme faire du lèche-vitrine sur Internet ni des trucs que tu peux faire les yeux fermés sans réfléchir comme une quiche Lorraine vois-tu. Non non. Des trucs qui te font plonger dans la profondeur de la psychologie et te perdre dans les méandres de la philosophie. Des trucs qui réclament une forte dose de concentration, l'arrêt de toute vie sociale (y compris la virtuelle) jusqu'à ce que la mission soit accomplie, le bannissement du sex-appeal de ton conjoint/ smartphone/ casque Beats. Juste toi et toi seule devant ton petit tas de feuilles blanches, à réfléchir sur ta petite personne, ta vie, ton œuvre, la suite que tu envisages, les rêves que tu caresses. Tu dois tout noter, lister, hiérarchiser, argumenter. Tu dois aussi (et ça tu sais que tu vas pédaler dans la semoule) te décrire à l'aide de textes, images, photos, dessins sur une belle feuille A3. Illustrer le kikiya à l'intérieur de toi au travers d'un seul prisme : le regard que TU poses toi-même toute seule comme une grande sur qui tu es. Pas si simple, c'est moi qui te le dis. J'ai même failli jeter l'éponge, prendre un post-it (c'est un peu comme une A3, non ?) et écrire "http://jesuisaussi.blogspot.fr" : elle veut de la description de qui je suis, elle a qu'à lire ZE blog référence en la matière, merde.

Bon, pas eu besoin de la jeter cette éponge finalement. La dame étant malade, le rendez-vous est annulé et reporté à une date ultérieure non encore fixée. Je dépose l'éponge sur un coin de mon bureau, la cache sous un mouchoir, je jette un coup d'oeil dessus de temps en temps pour ne pas oublier mais je cesse instantanément d'être obnubilée et de réfléchir à comment je vais procéder pour lui rendre en temps et en heure la liste de trucs à faire que j'ai à peine entamée moins de 24 heures avant notre entretien. La pression redescend.

Ça te montre un petit peu une nouvelle facette du personnage quand même. Oui, je me fous une pression incroyable quand il s'agit de faire (et de bien faire, surtout) quelque chose qu'on me demande de faire. Mais non, ça ne me pousse pas pour autant à m'organiser, à prévoir, à anticiper. C'est toujours à la dernière minute, à la limite de la deadline, que je déploie une énergie folle pour être dans les clous. Ce qui occasionne de belles frayeurs, tu imagines bien. Et tous les signes cliniques qui vont avec. De grosses gouttes de sueur à l'idée de ne pas finir à temps. De belles larmes qui montent aux yeux quand, tombant de fatigue, à bout de forces, je suis frustrée et énervée contre moi-même d'avoir laissé traîner. Une belle boule au ventre en me disant que j'aurais certainement fait mieux, si j'avais pris le temps.

Mais qu'importe, invariablement, je me remets dans cet état d'urgence. 
Je te l'ai dit....... maso, COMPLÈTEMENT maso.

© Isa - septembre 2013

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