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mercredi 30 octobre 2013

...obsédée par les chiffres...

Pourquoi et comment en suis-je arrivée à toujours tout ramener aux chiffres, à toujours tout compter ? Je me suis toujours vantée (et on a d'ailleurs toujours dit de moi) d'être une femme de lettres, une littéraire, une personne privilégiant toujours le mot, le bon, le pertinent, face à tous les autres moyens d'expression.

Mais en fait non. Ceci EST UN MENSONGE messieurs-dames. Lettres & mots mon c**, je ne jure que par le chiffre.

Tu vois, sur Twitter par exemple. J'ai des échanges de qualité, quotidiens, complices. J'ai quelques personnes tout à fait indispensables à mon Twittéquilibre et, fort heureusement, ces personnes sont toujours là (enfin non pas trop en ce moment d'ailleurs HEIIIIIN)(ceci est un message subliminal dédicacé)(pardon si tu n'es pas concerné). Me réjouis-je pour autant de cet état de fait ? Eh bien non ! Je continue à regarder le nombre de personnes qui me suivent et à désespérer quand il stagne, à bouder quand il diminue et à sauter au plafond quand il augmente. Pourtant, ce nombre n'est en rien proportionnel à la qualité des échanges. ATTATION je ne dis pas que je préfèrerais l'inverse (plus de quantité, moins de qualité). Ah non non. Je dis que je veux les deux. Na.

C'est évidemment pareil pour la page Facebook de "Parce que je suis aussi": tous les jours, je regarde le nombre de "j'aime" et tous les jours, je désespère. Je bloque sur ce chiffre qui me déprime de ne pas bouger ou très peu. Pourtant, l'important sur cette page n'est pas la statistique, mais bien les interactions avec toi qui me lis si fidèlement, avec beaucoup d'attention, avec souvent un gentil petit mot encourageant ou rassurant. Mais ce chiffre qui n'augmente pas m'obsède à un point que tu n'imagines pas.

Y a cette histoire de cigarette électronique, aussi. Je devrais déjà me contenter d'avoir diminué la cigarette de façon assez considérable sur les trois derniers jours. Eh bien non, je préfère comptabiliser chaque vraie cigarette fumée et me flageller à coup de "t'es troooooop nulle" si jamais le nombre dépasse la limite chiffrée que je m'étais fixée. C'est contre-productif tu sais, de ne voir que le négatif et de ne pas savourer la petite victoire que c'est déjà. Ça n'encourage pas. Mais rien n'y fait, je compte. Alors fatalement, je m'en veux et fatalement, je fais pire le jour d'après.

Y a mon poids bien sûr. Bon, mes variations de poids, mes démarches pour maigrir toussa toussa, ça mériterait qu'un jour j'y consacre un billet entier. Donc là je vais juste survoler en te disant que je peux péter une pile pour une variation de 200 grammes, qui peut d'ailleurs être totalement expliquée, plutôt que de m'attarder sur mon mode de vie, ma façon de dépenser des calories, ma façon d'en ingurgiter. Encore ces foutus chiffres qui priment sur l'essentiel, car l'essentiel ne se mesure pas...

Y a l'argent, évidemment... Qu'on n'aille pas croire que je sois radine hein, parce que j'ai quand même la dépense facile. Très facile, trop peut-être. Mais je sais à chaque minute qui passe la somme exacte qu'il y a dans mon portefeuille et sur mon compte. Je connais par coeur la date et le montant de chacune de mes échéances, qu'elles soient ponctuelles, mensuelles ou annuelles. Je peux pratiquement prévoir avec une très faible marge d'erreur combien d'argent il y aura sur mon compte le 13 juin 2014. Si si je t'assure, c'est flippant.

J'aimerais bien être en capacité de relativiser tout ça, de me recentrer sur ce qui compte vraiment. 
Quand je serai grande peut-être ?
Ou peut-être pas.

Je vais essayer dès aujourd'hui, mais c'est assez mal parti puisque j'en suis déjà à avoir envie de me taper la tête contre les murs d'avoir déjà fumé 2 clopes alors qu'il est 8h à peine. Si j'avais été quelqu'un de moins obsédé je serais au contraire en train de me féliciter pour toutes celles que je n'ai pas encore fumées... Mais on n'se refait pas ;-)

La bise du mercredi, à toi mon fidèle public. Même si t'es tout petit-petit en taille, t'es immense en qualité et t'inquiète, ça compte, même si ça ne se compte pas sur les doigts.

© Isa - octobre 2013

mardi 29 octobre 2013

...à géométrie variable...

Le jour et la nuit, l'automne et le printemps.
Des phases qui s'opposent mais se succèdent inlassablement, dans une régularité imparable, sans qu'on ne puisse rien y faire. Qui se relaient et s'imposent à nous. Jour. Nuit. Et encore. Et encore.

Finalement, lorsque mes humeurs vacillent sans que je ne puisse les contrôler, quand mes phases de mélancolie donnent naissance à mes phases d'euphorie qui elles-même redeviennent mélancoliques, je devrais peut-être me dire que leur cercle infini se cale en fait sur la Nature et son incessant jour... nuit... jour... nuit. Ne devrait-on tous pas être en quête de ce perpétuel mouvement, à l'image des saisons et des cycles lunaires ?

Je n'arrive pourtant pas à m'en réjouir. 

Parce que, vois-tu, ça me déroute. De ne pas savoir, à l'aube de ma journée, dans quel état je vais la traverser. De me demander si aujourd'hui je serai suffisamment forte pour sourire, pour rire, pour partager. Ou s'il pleuvra dans mes pensées, me retirant le goût de tout, l'amour de tout.

Parce que, vois-tu, ça me fait peur. Cette absence de constance, de stabilité dans mon univers émotionnel. Ce doute qui m'assaille quant à ce dont demain sera fait.

Parce que, vois-tu, ça me limite. Une palette en noir et blanc, sans nuance, sans fondu, sans dégradé. De l'extrême positivisme qui me donne les ailes pour voler haut, très haut. Puis un fatalisme redoutable qui me coupe les jambes et me force à ramper. Je voudrais tellement marcher, tout simplement marcher.

Parce que, vois-tu, ça fait de moi une malade. Que le corps médical aimerait prendre en charge, analyser, médicamenter. Sur laquelle un psychiatre plein d'empathie a un jour posé le terme technique qui explique bien des comportements, bien des névroses, bien des psychoses, quand il a osé parler de bipolarité.

Parce que, vois-tu, je me suis enfermée dans ce schéma. Comment exister autrement que dans les extrêmes, que dans les pics et les creux, les hauts et les bas ? Quand ma tête fatiguée réclame qu'une âme charitable, bienveillante, trace un trait bien droit sur lequel je pourrais avancer pour ne plus vaciller...

Parce que, vois-tu, ça me différencie de toi, à qui je voudrais tant ressembler. J'envie tes humeurs constantes, tes joies qui ne te rendent pas euphorique, tes peines qui ne te paralysent que très peu. J'envie ton trait bien droit, si droit. J'envie ta surprise quand tu me vois exulter, j'y suis moi-même bien trop habituée... J'envie tes paroles pleines de bon sens quand tu me dis que je dois me calmer, ne pas réagir de façon si épidermique. Il y a bien longtemps que je ne sais plus où se cache ma sérénité. Ni s'il m'en reste quelque part, d'ailleurs.

Parce que, vois-tu, je suis fatiguée. Emportée par des tourbillons d'émotions trop fortes, trop violentes, trop impulsives pour être canalisées et vécues dans la maîtrise. Lessivée par mes efforts constants pour te cacher cette oscillation incessante. 

Te dire tout ça, c'est déjà faire un pas vers du mieux, pourtant. C'est puiser dans mon euphorie la force de pianoter sur le clavier de mon PC, c'est voler à ma mélancolie l'inspiration qu'elle seule sait si bien me procurer. C'est peut-être, d'une certaine façon, les mélanger toutes deux, les faire se rejoindre en un point qui, quand je le prolonge, se transforme en un trait droit, tout droit. Sur lequel je m'empresse d'avancer autant que je le peux. Parce que je sais déjà que bientôt, là, tout à l'heure, tout de suite, et voilà, c'est déjà le cas... il reprend des airs de spirale qui me déconcertent déjà.

© Isa - octobre 2013

lundi 28 octobre 2013

...en quête de sens...

Ouais, je le sais bien, que tu as envie de me balancer une caisse de poisson pourri dans la face en criant "ouhhhhhouhhhhhhh remboursés ! remboursés !". Vas-y ma grande, fais toi plaisir, je mérite tout le mal que tu as envie de me faire. C'est de ma faute, je ne devrais pas te délaisser si longtemps... J'assume.

Mais pendant que tu te languissais de ma prochaine bafouille tout en me maudissant secrètement de faire durer le suspense et en m'imaginant végétant sur mon canapé ou au fond de mon lit, figure-toi que je ne restais pas là, inactive, à choir tel un déchet. J'en profitais pour donner du sens à ma vie, un vrai sens à ma vraie vie, excuse-moi du peu. Haha, tu fais moins la maligne là hein ? Tu te sens soudainement un peu futile n'est-il pas ? Arrête de te flageller va, tu ne pouvais pas deviner, j'aurais sûrement pensé pareil à ta place, et, comme toi, je me serais donc lamentablement trompée.

Je donnais du sens, donc.

Du sens à mon engagement d'élue, pour lequel j'ai multiplié les heures supplémentaires au boulot, et à la maison aussi. Je me suis lancée à corps perdu dans un truc qui me dépassait un peu mais me tenait à coeur. J'y ai donc consacré du temps, de la volonté, de l'énergie. J'ai même un peu délaissé mes collègues, et Chéri aussi, pour venir à bout des objectifs que je m'étais fixés. Ce n'était pas forcément drôle, mais c'était important, alors je l'ai fait...

Du sens au réseau social que je construis. Je suis allée à la rencontre de deux personnes croisées sur Twitter et qui m'ont proposé de partager un repas "dans la vraie vie" ("IRL" = in real life, qu'on dit sur le net). Je te passe le détail de mon état d'avant la rencontre, d'ailleurs je t'en ai déjà un peu parlé ailleurs. Pour résumer, un peu d'angoisse et pas mal de questions en boucle dans ma tête : "comment m'intégrer dans ce petit groupe qu'ils forment déjà tous les deux ?"/ "que vont-ils penser de moi ?"/ "continueront-ils de me parler encore après ça ?", principalement. Tu te dis que je me fais une montagne de pas grand chose, mais tu te trompes, car ce n'était pas "pas grand chose". C'était au contraire un de ces moments qui te font enfin comprendre pourquoi tu t'acharnes à tisser du lien, à développer ton réseau... c'était la concrétisation de ce que tu t'évertues à donner de toi au quotidien, via l'échange des quelques tweets que tu prends le temps de rédiger en pensant d'une part à ce que cela montre de toi et d'autre part à ce que cela éveillera en l'autre... c'était introduire de l'humain, une silhouette, un sourire, une voix, dans une communauté qui n'était jusqu'à lors que pseudos et avatars immobiles... c'était introduire du temps et de l'espace là où tout est habituellement cantonné aux sacro-saints 140 caractères bouffeurs de lettres et limitateurs de mots...Tu vois, c'était beaucoup, beaucoup plus que pas grand chose, et la montagne que je m'en faisais était tout à fait proportionnée au regard de ce que cela m'a apporté. Du sens.

Du sens dans la mise à jour des quelques objectifs personnels que je poursuis, aussi. Dans mon envie de clore certains chapitres, d'en écrire de nouveaux. Il faut parfois, pour cela, prendre un peu de temps pour toi et réfléchir à ce qu'il faut faire, et aux ressources dont tu disposes pour le faire. Petit à petit, gravir quelques échelons, surmonter quelques obstacles, faire de nouveaux paris. Evidemment, s'il fallait refaire Rome, elle ne se referait toujours pas en un jour, hein... Alors tu prends le temps, tu commences doucement... Comme par exemple en achetant il y a peu une cigarette électronique et en plaçant en elle l'espoir de parvenir peut-être, dans quelques temps, à te débarrasser d'un vice dont tu n'as que trop abusé... Ce n'est peut-être pas une révolution, mais ça avance... dans le bon sens.

Du sens, tu vois.

Évidemment, venir ici et me livrer à toi compte également beaucoup pour moi. Mais dans cet univers-là, comme dans plusieurs autres d'ailleurs, je tâtonne, je réfléchis, j'essaie de définir les contours petit à petit. C'est ce qui me retient parfois loin de toi. Mais il n'y a que comme cela que je peux toucher l'essence. Que comme cela qu'on peut y donner du sens.

© Isa - octobre 2013

samedi 19 octobre 2013

...en mode boite de night à l'insu de mon plein gré !...

Du bon son dans mes oreilles. Des boum boum qui m'énergisent. Mon corps qui bouge au rythme des saccades, porté par la foule compacte et dense autour de lui. Il fait froid dehors, mais ici la température est de quelques degrés supérieure... chaleur humaine. Il fait nuit dehors, mais ici les lumières s'allument et s'éteignent au gré des humeurs de notre hôte... ambiance de feu. Parfois la musique se tait, le temps d'une dédicace balancée au micro. Provoquant inévitablement une réaction collégiale de ceux qui m'entourent. Regards échangés, discrets. Commentaires murmurés, devinés plus qu'entendus.

Je voudrais remercier la SNCF qui, pour 70€ par mois, dont la moitié est prise en charge par mon entreprise, m'offre une quarantaine de moments de grâce comme ceux décrits ci-dessus. C'est la boîte de nuit la moins chère que je connaisse.

Je voudrais lui dédier ces quelques lignes, à elle qui s'arrange toujours pour varier mes plaisirs quotidiens, qui vont de l'incident électrique à la panne de signalisation. En y ajoutant des surprises saisonnières, la chaleur l'été, la neige l'hiver, les feuilles qui tombent sur les voies entre les deux. 

Je voudrais mentionner la qualité des informations qu'elle me donne, quand l'application Transilien de mon téléphone me dit que la ligne est interrompue de 7h à midi et que ma collègue m'envoie un texto pour me dire que "ben non, ça roule, je suis dans le train là" à 8h30...

Je voudrais souligner le soin qu'elle prend de ses conducteurs et agents quand, démunis, ils avouent ne pas vraiment savoir ce qu'il se passe et comment les choses vont évoluer. Tels de braves soldats placés en première ligne, ils reçoivent et encaissent les plaintes, les injures, les soupirs de mécontentement, les regards noirs et emplis de colère des usagers désabusés...

Je voudrais mettre en avant la pertinence de ses choix quand un train court, de 4 voitures dont une condamnée, arrive sur un quai bondé où des dizaines et des dizaines de voyageurs se rendront rapidement compte que la moitié d'entre eux ne pourra pas monter... Ou sa réactivité quand, tout le monde attendant sur le quai A, elle annonce 10 secondes avant le départ que finalement le train est en gare sur le quai Z et que "pour votre sécurité merci d'emprunter les passages souterrains"... Passages qui se transforment en couloirs de la mort où la foule se hâte sans vergogne, sans pitié, où c'est à celui qui écrasera le plus de pieds, à celle qui donnera le plus de coups de sacs, pourvu qu'il ou elle arrive dans son train parmi les premiers et qu'il ou elle puisse y poser son auguste postérieur sans respect pour la femme enceinte et le vieil homme qui effectueront leur trajet debout, victimes du "baissage de z'yeux" de ceux qui feront comme s'ils n'avaient pas vu qu'ils étaient là...

Merci à toi SNCF et à toi personne qui voyages avec moi. Ensemble vous me donnez de beaux exemples du respect des valeurs chères à mes yeux : la transparence, le respect, la solidarité. Haha.

Plus sérieusement, merci à toi ami de Twitter avec qui je prends plaisir à live-tweeter nos galères respectives. Au moins... on s'marre bien ! Et puis on s'informe, on s'entraide, on s'encourage ! Je pourrais te balancer une de mes phrases fétiches qui est "c'est beau comme un camion", mais, puisque j'ai une immense capacité d'adaptation, je vais lui préférer une expression qui sera plus de circonstances : toi & moi, c'est beau comme la livrée Carmillon du Francilien.

© Isa - octobre 2013

mercredi 16 octobre 2013

...chanteuse de tous les jours : le challenge... [Let Her Go pour mon Epousaillée et ma Complissa]

© Isa - octobre 2013

...une blasée du mardi...

J'ai eu une révélation. Je dois donc commencer ce billet en présentant mes excuses à tous les lundis que j'ai insultés au cours de ma jeune vie (j'ai compté, j'en ai connu un peu moins de 1500). J'ai longtemps cru qu'ils avaient le monopole du jour bien dégueulasse, celui qui te fait systématiquement, une fois par semaine, sortir de tes gonds. Puis j'ai connu la journée d'hier et j'ai compris. 

On dit sur les passages à niveau qu'un train peut en cacher en autre, je pense qu'on devrait prévenir aussi sur les agendas. J'imagine quelque chose du style "ATTATIOOOON un lundi peut cacher une autre journée pourrie". Pour ne pas que les gens continuent de s'imaginer qu'ils peuvent dormir tranquille une fois qu'ils ont affronté le premier jour de la semaine. Qu'ils restent vigilants, en éveil. Parce que parfois, tu ne t'y attends pas, mais voilà que ça arrive : la journée du mardi est bien pire que la veille.

Hier donc. Réveil en fanfare à 5h de la nuit. Tu le sais que c'est inhumain de sortir de ton pieu à une heure aussi indue, mais tu n'as pas le choix, alors tu t'extrais péniblement de ta couette et pars affronter le monde. C'est un peu difficile, ça pique bien, d'autant plus que tu n'as dormi que 5 heures et que tu t'es couchée un peu alcoolisée (merci bien à la brillante idée que j'ai eue d'aller boire un coup avec mon meilleur ami en plein début de semaine)(attention il y a un léger euphémisme dans le "un peu" ci-dessus utilisé) et puis aussi un peu énervée parce tu t'étais pris la tête avec Chéri en rentrant (oui oui je te la fais souvent version amoureux fous mais parfois on s'engueule hein, on est humains quand même)(désolée pour la désillusion).

Tu répètes les gestes du matin un peu dans le coaltar, plus par réflexe que par réelle conscience de tes actes, mais tu te rends compte à la moitié de ta première cigarette que quelque chose n'est pas comme d'habitude. Ta tête fourmille, tes oreilles se bouchent, tu te sens coton. C'est une sensation familière que tu mets quelques secondes à reconnaître. Ça ressemble à s'y méprendre à quand tu es vraiment trop bourrée. Là tu réalises donc que tu n'as pas assez dormi pour dissiper toutes les vapeurs d'alcool de la veille. Ton premier réflexe à ce moment là est de courir aux toilettes pour tenter de sortir le mal de toi, en vain. Alors tu t'assois par terre, devant la cuvette sur le carrelage froid, et tu attends que ça passe. Tu te demandes même si tu vas pouvoir aller travailler. Au bout de dix longues minutes, tu as repris tes esprits, ta tête ne tourne plus, tu te relèves en croisant les doigts pour que tes jambes supportent ton poids. Ouf, ça marche.

Du coup, t'as perdu un peu de temps, tu n'en avais déjà pas beaucoup, alors il faut accélérer le mouvement. Tu reprends ta routine du matin, mais plus vraiment par réflexe maintenant, là il te faut réfléchir à chaque pas, chaque geste, ça se corse un peu. Mais tant bien que mal tu parviens à tout faire dans les temps.

Puis la journée s'enchaîne. Un train, puis un TGV, tu cours un peu, arrives en retard à ta réunion. Qui est longue, bien longue. Assez insupportable aussi, parce qu'il se dit des choses qui te font réagir de façon légèrement épidermique : le poil qui se hérisse et les oreilles qui saignent d'entendre certaines inepties. Et c'est reparti dans l'autre sens, tu te diriges d'un pas pressé vers le TGV retour, sous la pluie, en ayant peur de le rater et ce serait franchement une mauvaise nouvelle. Une fois installée à l'intérieur, tu te dis que maintenant, ça va aller, il y aura une dernière ligne droite à l'arrivée à Paris quand il faudra te dépêcher un peu pour avoir ton Transilien mais ça vaut le coup de se presser.

Le TGV entre en gare, tu te dépêches, salues les copains rapidement et te diriges vers le distributeur pour t'acheter un billet, et constates à ce moment là que ton train a été supprimé. Que tu vas devoir attendre le suivant, un bon quart d'heure après, et que c'en est un qui fait tous les arrêts de la ligne. Ton temps de trajet vient d'être multiplié par deux et ce moment que tu attendais tant, celui où tu franchis enfin le seuil de ton appartement, vient d'être repoussé d'environ 40 minutes. "What the fuck" diraient les Américains, et même si t'es pas Américaine, bah toi aussi tu le dis. 

Partie à 5h50, rentrée à la maison à 19h40. Après une nuit de quelques heures et avec une gueule de bois monumentale, tu n'es plus apte à supporter d'aussi longues journées. Tu n'as plus la fougue, plus la foi pour ça. Tu l'as quand même fait - tu n'avais pas vraiment le choix - mais tu es dans un état que tu n'arrives même pas à mettre en mots quand Chéri arrive et te dit "alors, cette journée ?". Il comprendra à ton regard désespéré que tu ne vas pas vraiment avoir la force de lui raconter.

On dit "jamais deux sans trois" mais je préviens les grands Dieux de la fatalité que je ne vais pas pouvoir affronter une troisième journée aussi pourrie que les deux précédentes. C'est au-dessus de mes forces hein. J'ai déjà fait un gros effort en me réveillant ce matin alors que je voulais faire l'impasse. Il s'agirait aujourd'hui de m'offrir un mercredi sympathique, tranquille. Pour me réconcilier avec cette semaine qui est fort mal engagée. Si cette requête, plutôt légitime j'te f'rais dire, venait à être refusée, je me mets en grève pour le reste de la semaine. Faut pas déconner.

© Isa - octobre 2013

vendredi 11 octobre 2013

...pas tout à fait Parisienne...

Tu la connais bien la Parisienne. On en parle partout. Dans les magazines de mode et de lifestyle, dans les campagnes françaises, à New-York et à Milan.

Elle est à la pointe de la mode, chic et glamour. Elle est la féminité incarnée. Elle ne sort jamais de chez elle sans être parfaitement habillée/ coiffée/ maquillée/ accessoirisée et est déjà prête, au saut du lit, à dérouler sa journée avec l'élégance qui la caractérise. Elle aura pris soin avant de se coucher de poser sur son visage de poupée sa crème de nuit maxi-régénérante et hyper-hydratante et super-rajeunissante. De choisir sa tenue du lendemain avec bon goût. De vérifier sa manucure. De faire la guerre aux quelques sourcils rebelles qui débordent de la courbe parfaite dessinée quelques jours plus tôt par son esthéticienne. De démêler ses longs cheveux dorés. 

Du coup, le matin, il ne faut que quelques minutes à la Parisienne pour être tout à fait présentable. Sans avoir besoin de réfléchir, puisque tout aura déjà été calibré, elle va du lit à la salle de bains, de la salle de bains au dressing, du dressing au shoesing en flottant de pièce en pièce pour ne pas déranger ses voisins. Parce que la Parisienne est très attachée à son image, pas seulement à ce que son physique dégage, mais aussi à ce que son comportement inspire. Elle ne prendra jamais le risque qu'on dise d'elle, à l'assemblée des copropriétaires, qu'elle est bruyante ou irrespectueuse de son entourage immédiat.

Elle flotte donc. De toute façon, comment pourrait-il en être autrement ? Hier, après avoir copieusement déjeuné d'une salade César, elle a pris soin de rééquilibrer son apport calorique de la journée en limitant son repas du soir à une assiette de crudités, un bol de soupe et un Sveltesse à 1.3% de matières grasses. Elle a bu son litre et demi de Contrex tout au long de la journée et a choisi de descendre du métro une station plus tôt pour finir son trajet en marchant. Elle a boudé l'ascenseur à qui elle a préféré les 215 marches de l'escalier. Sans jamais transpirer. Dimanche prochain, comme toutes les semaines, elle ira courir 10 kilomètres autour de l'étang en compagnie de Kurt Cobain qui hurlera "hellooooo, hellooooo" dans les écouteurs de son iPod Shuffle rose. Sans jamais transpirer. Ce jour-là, elle boira 3 litres de Contrex, parce que "l'hydratation, c'est la base quoi". Le corps parfaitement sculpté, entretenu au millimètre carré près, elle est légère. Donc elle flotte.

Elle flotte même quand, perchée sur des talons de 12, elle se dépêche d'aller en réunion/ à la gare pour choper son TGV/ rejoindre ses copines à la terrasse d'un café. Non pas qu'elle soit en retard hein, la Parisienne est trop bien organisée pour cela, mais elle doit parfois faire face à des impondérables qui lui font être prise par le temps et devoir courir un peu pour respecter le timing imposé par les notifications envoyées par le calendrier de son iPhone. Alors elle flotte de lieu en lieu, offrant à ceux qui la croisent la vision d'une ombre fugace laissant dans son sillage les notes sucrées du dernier parfum à la mode. On la sent arriver à cette effluve discrète et raffinée subtilement vaporisée là où il faut, ni trop peu ni pas assez. La Parisienne a le sens de la mesure parfaite. On l'entend repartir à ce bruit si élégamment féminin qui mélange le toc...toc... de ses talons aiguilles sur le parquet au gling... gling... de ses bracelets qui s'entrechoquent. La Parisienne a le sens de la sortie théâtrale. Et pendant qu'elle est là, on admire qu'elle ait pris soin de ne pas combiner ses escarpins Gucci à son foulard Chanel, ô sacrilège* s'il en est. La Parisienne a le sens du détail.

Et moi pendant ce temps là, j'arrive à être en retard même quand je me réveille deux heures avant l'heure du départ. Parce que j'ai encore oublié de me laver les cheveux hier soir et que je vais devoir le faire ce matin. Parce que je me suis endormie sans me démaquiller et qu'il faut réparer les pots cassés et faire le ravalement de façade de mon visage de panda. Parce que je n'ai plus aucun pantalon qui accepte de recevoir mes cuisses et mon bidon gonflés par l'enchaînement McDo/ Raclette/ Pizza Hut des trois derniers dîners et que du coup le choix de ma tenue s'avère plutôt compliqué. Parce que je réalise avec horreur que mon rendez-vous ultra important c'est aujourd'hui et que j'ai oublié de le préparer. 
Et quand je décolle enfin, c'est essoufflée et dégoulinante que j'arrive dans le train que j'ai failli rater. Mes collègues me regardent d'un oeil compatissant et me saluent d'un "réveil difficile, hein ?" qui me fait me précipiter dans les toilettes du bureau pour constater avec effroi que j'ai oublié de me coiffer et que j'ai du dentifrice au coin de la bouche. La journée passera très vite mais moi, à l'intérieur, j'avancerai au ralenti, alourdie par le poids de la fatigue et de la malbouffe. Puis il sera l'heure de rentrer chez moi et, trop flemmarde pour monter la côte qui me sépare de la gare, je prendrai un itinéraire bis bien moins fatigant qui rallongera mon temps de trajet d'une demie-heure. Enfin chez moi, je m'affalerai sur le canapé avec un paquet de chips et le douzième café de la journée. Je tenterai de me persuader que ce soir, je vais tout préparer pour que demain la matinée soit moins rude. Mais tout en faisant mentalement la liste de tout ce qu'il me faut faire pour cela, mes yeux se fermeront tout seuls pour ne s'ouvrir que deux heures plus tard, heure à laquelle il sera temps de traîner ma carcasse jusqu'au lit. Les yeux encore maquillés, et le pas lourd. 

Je ne sais pas flotter.
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* Merci aux puristes de la mode de ne pas m'attaquer en diffamation si cette allégation relève de l'hérésie, ce qui est tout à fait probable dans la mesure où mon niveau de culture "fashion" est à peu près aussi élevé que le niveau d'eau d'une pataugeoire. D'un pédiluve, même.
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© Isa - octobre 2013

jeudi 10 octobre 2013

...en situation d'échec...

Aujourd'hui j'ai failli. 

Je vais essayer de vulgariser un peu parce que ça ne va pas vraiment te parler à toi, ça concerne le boulot, mais j'ai quand même besoin de le raconter. Et puis je m'étais promis ce matin que je viendrais te livrer un petit mot ce soir, parce que sinon après tu te plains de mes absences longues répétées et moi je culpabilise. J'aimerais bien te raconter une belle victoire, un "parce que je suis aussi... au toooooop de mon excellence" qui te ferait croire que je suis vraiment une nana hors pair. J'voudrais bien... mais j'peux point, tu vois. Parce qu'aujourd'hui... j'ai failli.

J'ai passé la journée en réunion sur un sujet qui m'intéresse et sur lequel j'ai des trucs à dire. Des trucs que si je ne les dis pas, personne ne peut le faire à ma place, car personne d'autre que moi ne pouvait témoigner de ce à quoi j'avais assisté plusieurs mois plus tôt et qui était complètement passé sous silence dans le compte-rendu qu'on nous restituait aujourd'hui.

J'avais tout prévu pourtant. Discuté avec une collègue pour être sûre de ne pas dire de bêtise, pris plein de notes, préparé des tournures de phrases pour ne pas me sentir démunie le moment venu. Vérifié les chiffres, une fois, deux fois. Surligné des pans entiers du rapport. Relu mes notes au réveil, puis encore dans le train, puis une dernière fois avant le début de la réunion. Tout était parfaitement limpide sous mes yeux et dans ma tête. Je savais même à l'avance que ce que je voulais dire était tout à fait légitime et que j'aurais le soutien de mes camarades autour de moi, à la moindre difficulté. Bref, tout était calibré au millimètre près.

Et pourtant... j'ai failli.

Failli me racler la gorge et m'éclaircir la voix. Failli prendre la parole. Failli contester ce que le monsieur disait, ou le nuancer en tout cas. J'ai failli intervenir. Dix fois, cent fois, mille fois peut-être. Je n'ai pas pu compter, tant le sentiment de honte grandissait à mesure que la fin de la réunion approchait. Mais il y a eu beaucoup d'occasions ratées. Trop, même. Que ça, d'ailleurs.

Alors pour ne pas me concentrer sur mon incapacité à dire, j'ai regardé les autres prendre la parole avec une aisance que j'admire, que j'envie, que je jalouse. Évidemment, cela n'a fait que renforcer le gigantesque sentiment d'échec qui s'est transformé, depuis que je suis sortie de cette salle, en goût amer à l'intérieur de ma bouche. La couardise et la lâcheté n'ont aucune saveur sucrée...

Je vais sûrement tirer des conclusions de ce qui s'est passé - ou plutôt de ce qui ne s'est pas passé - aujourd'hui. Des conclusions qui ne seront pas que des constats insipides et sans réflexion tels que "je n'ai pas pu". Mais pas maintenant... 

Parce que là tout de suite, la seule chose qui me vienne à l'esprit, c'est qu'aujourd'hui, j'ai failli. 
De faillir qui veut parfois dire "faire presque" mais aussi de faillir qui veut dire "échouer". 
J'ai presque fait quelque chose de bien, mais j'ai échoué.
Game over. Fail. Echec.

© Isa - octobre 2013

lundi 7 octobre 2013

...pas un grand Chef (quoique !)...

Grosse journée. Un lundi quoi. Je t'ai fait le topo du réveil ce matin, je vais donc éviter de te faire le déroulé complet de la journée, rassure toi. Tout ce que tu as besoin de savoir c'est que c'était long. Intéressant, certes, mais long quand même. La machine à café à côté de la salle de réunion ne fonctionnait pas, l'un des membres de la Commission dont je fais partie est victime d'incapacité chronique à s'exprimer clairement et a, à l'inverse, une forte aptitude à me taper sur le système, le plateau repas de ce midi n'était vraiment pas fameux. Malgré tout ça, c'était une bonne journée, et encore plus après que j'aie quitté les locaux de ma boîte. (Toi même tu sais que c'est là que commence ta vraie vie, celle qui te donne envie de te lever le matin, y compris le lundi).

Pour introduire une petite bulle de bonheur dans cette journée jusque là emplie de masturbation intellectuelle pendant laquelle certains aiment à s'entendre parler tandis que d'autres font tout sauf écouter, j'ai décidé de réserver une petite surprise à mon amoureux (tu sais le mec qu'il y a tout le temps sur les photos à côté de moi)(oui oui celui-là même qui un jour a eu l'idée saugrenue de m'épouser)(je te jure c'est vrai j'ai même un livret de famille pour te le prouver) en lui concoctant un petit dîner romantique.

Bon en fait ça c'était ma première idée, mais c'était un peu compliqué à mettre en place du fait que quand tu ne sais pas cuisiner, le dîner aux chandelles se limite plutôt à enfourner un plat surgelé et à attendre que ça se passe tout seul. On est loin de l'effort surhumain pour mettre les petits plats dans les grands et faire plaisir à l'autre, hein.

La solution alternative dans ce cas là est donc de trouver ZE idée, avec un grand zed donc, de repas-tout-prêt-mais-qu'on-dirait-que-t'as-mis-trop-de-temps-à-le-préparer. Je ne suis habituellement pas douée à ce petit jeu (je suis donc obligée de me mettre aux fourneaux au grand désespoir de mes papilles gustatives -- et des siennes) mais là, j'ai été franchement aidée par la réminiscence d'une petite phrase de Chéri, qu'il répète en boucle depuis samedi et que je vais te citer telle quelle :"OH PITAIN JE MANGERAIS BIEN UNE RACLETTE".

Trop fastoche, me dis-je, sur le chemin du supermarché. Faire cuire des patates, déballer des boîtes de fromage en tranches et les disposer joliment dans une assiette, idem avec des boîtes de charcuterie, allumer deux bougies, le tour est joué. Pas vraiment besoin de s'appeler Eric Fréchon ou de tutoyer Norbert & Jean pour y arriver.

Première difficulté au moment de pénétrer dans Simply Market. Il n'y a pas moins de 376 variétés de charcuterie sous plastique, dont 327 de jambons. Evidemment votre bien dévouée n'aimant pas la charcuterie et ne connaissant que le jambon de Paris tout simple tout gentil que tout le monde aime bien, la chose n'est pas aisée. Un peu d'instinct, un peu de pif, je ressors de là épuisée, vidée de tout mon suc et allégée de quelques euros, peu confiante dans les choix opérés mais espérant que cela conviendra malgré tout.

Deuxième difficulté à la maison, dans le silence angoissant de ma cuisine dont les murs semblent me crier "hahaaaaa tu viens cuisiner ? on va bien se marrer !", ces traîtres n'ayant même pas la délicatesse de m'encourager pendant les quelques secondes où je réalise que je n'ai JAMAIS fait cuire des pommes de terre pour une raclette et que peut-être je vais me rater à cette étape de la préparation. Mais là, éclair de génie, Internet étant mon ami, je dégaine mon smartphone et lance une requête Google ultra glamour... : "comment faire cuire des patates pour une raclette ?" (j'ai failli ajouter "je te donne un rein si tu me réponds de façon claire et précise" mais je n'ai pas osé)(ce fut peut-être là mon tort d'ailleurs). Là, 476 façons de faire à peu près. Sans compter les résultats qui n'ont rien à voir, comme "préparer ses pommes de terre façon raclette" où toute la nuance est dans le "façon" subtilement placé.

Je sais que normalement on dit que "jamais deux sans trois", mais j'ai beau chercher, je ne trouve pas de troisième difficulté à t'énumérer. Non pas que je sois une reine de la raclette party, quoique maintenant je pense en maîtriser les bases rudimentaires sache le, mais surtout que, quand tu es portée par l'envie de faire plaisir à l'autre et de le surprendre, bizarrement tes mains s'affolent toutes seules dans un ballet absolument pas contrôlé, peut-être pas parfait, mais quand même sacrément efficace. Dresser de jolies assiettes, allumer des bougies odorantes placées comme des chandelles, astiquer des verres de vin qui ne servent que quelques fois par an alors que Chéri est un vrai amateur de la chose... Tout vient plutôt naturellement, finalement. 

Certains disent que l'Amour donne des ailes, ce soir il m'a été prouvé qu'il me donnait la capacité à bien faire. Parce que quand c'est pour lui que je le fais, peu importe que je sache choisir les ingrédients, la principale épice restera toujours son regard ému quand il découvrira ma surprise, et peu importe que je sache faire cuire une pomme de terre, il n'y a que de mon amour qu'il s'est nourri ce soir au dîner.

Et ça tu vois, c'est peut-être pas de la grande cuisine, c'est peut-être pas dans tes livres de recettes, ça ne mérite peut-être pas d'être diffusé dans Top Chef mais nous... nous on s'est régalés !

© Isa - octobre 2013

...trop petite pour aller à l'école (complainte du lundi matin)...

Lundi matin. Deux mots que t'as sûrement en horreur, toi aussi. (Sinon explique moi à quoi tu te drogues). (Et comment je peux m'en procurer surtout).
Non parce que, tu as le temps de t'habituer en deux jours à larver sur le canapé, à manger n'importe quoi n'importe quand, à ne pas te préoccuper de l'heure à laquelle tu vas te réveiller. Et pile quand tu te sens enfin reposé de la semaine passée, c'est déjà la fin du week-end et arrive le moment fatidique du lundi matin. Où il faut tout recommencer, encore.

Tout recommencer ça veut dire entendre ton réveil sonner pour la première fois à 5h55. Puis à 6h. Ça veut dire l'ignorer superbement, deux fois. Mais vient fatalement le moment où tu entends celui de ton homme et là, tu commences à réaliser avec horreur que si tu es encore dans le lit au moment où il sonne, c'est que YOUSTONE WI HAVE EUH PWOBLEM WI ARE GOING TO BI LAYYYTE. Et le retard du lundi matin, c'est le pire qui soit. C'est celui qui te fait démarrer la semaine du mauvais pied, de mauvais poil, qui te fait te lancer déjà dans une course contre la montre alors que tu n'as même pas encore tout à fait cuvé ton Martini du samedi soir. Parce que soyons honnête, tu n'as plus 20 ans et le foie et la capacité de régénération qui vont avec. Non là tu peines à émerger, à t'en remettre et, selon l'angle que tu choisis tu en veux soit au temps qui passe et qui te fait vieille, soit à toi-même de ne pas avoir pigé que tu ne pouvais plus vivre comme il y a 10 ans, en tout cas pas sans séquelle.

Le réveil de Chéri donc. Celui qui t'annonce que là faut vraiment que tu te bouges les fesses, sous peine de devoir speeder bien plus que ce que ton corps fatigué ne sait faire. Alors tu te lèves. Tu te cognes le petit doigt de pied sur le coin de la table de chevet en cherchant ta pantoufle dans le noir, ça t'arrache un "oh pitaiiiiin" de douleur mêlée à la colère qui fait sursauter ton homme/ ton chien/ tes voisins. Ça n'a même pas le mérite de te réveiller. Tu avances tel un zombie vers la machine à café qui met bien trop de temps à s'allumer - mais c'est normal parce que tu as oublié d'appuyer sur le bouton. Tu accomplis machinalement ces tâches qui se répètent jour après jour sauf qu'on pourrait dire nuit après nuit parce que le ciel ne s'est pas encore allumé. Le pipi du matin, les croquettes pour les animaux qui sont déjà bien plus vifs que toi, l'escalade de la baignoire qui te paraît bien haute quand même hein. 

Tu traînes sous l'eau chaude que tu voudrais vivifiante mais qui t'enveloppe au contraire d'une volupté qui te fait fermer les yeux, sous peine de te casser la gueule si tu ne te forces pas à les remettre en position ouverte. Tu sors de la douche et tu constates avec horreur que oui, tu vas devoir accélérer le rythme, parce qu'il te reste à peu près 20 secondes pour te sécher, trouver une tenue dans laquelle tu ne te sentiras pas trop grosse/ vieille/ moche (pas de mention inutile, pas la peine de rayer), te maquiller pour ne pas faire peur aux enfants que tu vas croiser, préparer ton sac, les papiers pour la réunion dont tu viens tout juste de te rappeler, sortir le chien, remonter dans l'appartement, repartir sans les fameux documents que tu avais laissés sous ton sac à main en te disant que là au moins tu ne les oublierais pas, donc revenir les récupérer d'un air excédé et enfin courir après ton train qui, s'il est en retard tous les autres jours, sera aujourd'hui à l'heure et ne t'attendra donc pas.

Puis démarre la partie sociale. Ça fait 48 heures que tu n'as vu personne et tu ne t'en plaignais pas. Et là, c'est contact humain à tout va. Une nana à qui tu tiens la porte du train et qui ne te dira pas merci, la foule compacte autour de toi dans ce wagon bondé, les idiots qui tentent de monter sans te laisser descendre avant. Si en plus tu as oublié de prendre tes écouteurs avec toi, c'est le comble du début de semaine raté : tu entends tous les bruits, ceux des gens qui parlent/ mâchent leur chewing-gums/ fredonnent des chansons, ceux du train qui accélère quand tu n'es pas bien accrochée ou ralentit quand tu es vraiment pressée. 

Tout ça pour arriver au boulot où des clients mécontents vont te crier dessus, où tes responsables exigeants vont te donner bien plus de travail que tu ne pourrais en faire, où des dossiers complexes vont exiger ta concentration et ta rigueur extrême, à toi qui rêves déjà au vendredi soir suivant.

Moi tu vois face à ça, j'ai juste envie d'une chose. Prendre ma voix de toute petite fille et crier à la face du monde "MAIS JE SUIS TROOOOP PITIIIIITE POUR ALLER A L'ECOOOOOLE", rester sous ma couette, refermer les yeux, prolonger le week-end.

Mais le réveil a sonné, il est 5h55, et le monde n'attend plus que toi.
Alors debout, réveille-toi, et va !

Bonne semaine les z'amis.

© Isa - octobre 2013

dimanche 6 octobre 2013

...jalouse (et c'est un vilain défaut)...

Ça a toujours fait partie de moi, de mes petits vices pas vraiment cachés mais pas totalement assumés non plus, et j'ai arrêté de lutter contre. Pas parce que j'estime que c'est un droit fondamental que de baver de jalousie et bon bah du coup big f*** mais surtout parce qu'après avoir essayé à de très nombreuses reprises - en vain - d'éradiquer la chose, j'ai fini par comprendre que ça renvoyait à des trucs bien plus profonds face auxquels je suis encore trop démunie pour les contrer efficacement. 

On y reviendra. Mais commençons par décrire.

Cette tare vissée au corps, je la ressens au quotidien. Elle est dans ma moue déconfite quand je vois le succès des autres, pour lesquels je me réjouis toujours par ailleurs, mais qui me renvoie inévitablement à mes échecs. Elle est dans mes "ooooooh" d'admiration mêlée à quelque chose de plus sombre quand je constate qu'un blog, par exemple, attire les foules tandis que le mien peine à décoller. Elle est dans ces albums photos où je cherche frénétiquement un cliché de ma trombine sans jamais la voir. Elle est dans les Follow Friday de Twitter (je t'ai promis un dictionnaire pour ce week-end, patience, ça va arriver !), ce petit rituel du vendredi qui a pour principe qu'un Twitto conseille à tous ses abonnés d'aller suivre le compte de quelqu'un en particulier. On ne me recommande pas, moi... Elle est aussi parfois à la cafète du boulot, quand je vois quelques collègues se réunir autour d'un café sans que j'aie été conviée. Elle est dans cette petite salle de réunion où ma responsable m'a lâché en début d'année un "nous n'avons pas retenu ta candidature, la personne que nous avons choisi à ça, et ça, oh et puis ça aussi... de plus que toi". Elle est dans le constat amer que, lorsque d'autres arrivent à aller au bout de certains défis, j'ai une tendance naturelle à baisser les bras à la moindre difficulté. Elle est aussi dans la longueur des jambes des nanas que je croise partout, tout le temps, alors que mes jambes à moi sont petites et ratatinées. Tu vois, elle est présente en permanence, et la seule chose que je réussis à faire c'est de rester bienveillante à l'égard de ces personnes que je jalouse : je ne souhaite jamais l'échec de l'autre, je me réjouis pour ma collègue (et amie) qui a eu cette promotion "à ma place", je complimente ces dames aux longues jambes. J'ai bien compris que ce n'est pas le malheur de l'autre qui fera mon bonheur, alors je ne la dirige jamais contre quelqu'un et la laisse plutôt se diffuser à l'intérieur de moi. 

En lui donnant cette place, c'est à moi et à moi seule que j'en veux de ne pas faire assez, ou assez bien, ou assez fort. C'est donc entre moi et moi-même que se joue la partie, épuisante par ailleurs. Ce sont sans cesse de longs moments de réflexion, de recherche de solution. Tu pourrais penser que c'est bien de se remettre aussi souvent en question, mais ça ne l'est pas tant quand 1/ ça ne fait que te faire ruminer toutes ces choses que tu ne fais pas bien et 2/ ça n'aboutit pas forcément à la résolution du problème.

Je te le disais au début, je ne peux pas juste, d'un coup de baguette magique, arrêter d'envier. Me satisfaire de celle que je suis sans chercher à ressembler à ceux et celles qui ont bien plus de succès. Là-dessous, y a du complexe d'infériorité en veux-tu en voilà, de la peur d'être abandonnée parce que je ne suis pas à la hauteur, du déficit en estime de soi à la pelle et puis... et puis un immense sentiment d'échec de la part d'une adulte qui se souvient de quand elle était une petite fille à qui on répétait sans cesse qu'elle avait "énormément de potentiel" et qu'elle "ferait de grandes choses, irait très loin dans la vie". Bah non tu vois, moi je fais des choses petites et je suis restée là. Je n'ai pas transformé l'essai de tout ce que tu croyais déceler en moi jadis. Mais j'ai encore les rêves de grandeur que tu m'as promis si souvent, et le gap entre ces fantasmes et la réalité n'est pas chose aisée à digérer.

Et merde, je voulais un article un peu drôle sur mes jalousies parfois loufoques, j'ai raté je crois. Je t'ai pondu du tristoune sur fond de lamentations, c'était pas le but recherché, mais c'est venu comme ça. C'est clairement pas comme ça qu'on va faire exploser le nombre de likers de la page créée hier sur FB hein (tiens d'ailleurs au cas où tu serais passé à côté c'est par ). Promis tout à l'heure je reviens te raconter du léger, du fun, du kifésourire. Je le sais bien que c'est surtout pour ça que tu es là.

© Isa - octobre 2013

samedi 5 octobre 2013

...un peu fière (mouahaha)...

Y a des jours comme ça, où la vie te balance un petit cadeau. Ce n'est ni ton anniversaire, ni Noyel, alors tu ne t'y attends pas, et c'est dans ces moments là que ça te fait le plus plaisir.
Ce n'est pas grand chose, ça ne casse pas trois pattes à un canard mais... ça injecte une grosse dose de joie à l'intérieur de ton palpitant. Du coup, il bat un peu plus fort, un peu plus vite et ça, ça t'aide à te sentir vivant.

Aujourd'hui est la première fois où une personne qui ne me connaît en rien, ni de la "vraie vie" ni même de ma vie virtuelle, a demandé à être prévenue de la publication des prochains articles de ce blog.

Comme France Gall l'a dit avant moi, "c'est peut-être un détail pour vous - mais pour moi ça veut dire beaucoup" (bon c'est parti pour qu'on l'ait, toi et moi, toute la soirée dans la tête. Youpi). Ça veut dire que je me suis exportée au-delà de la sphère stricte de mon groupe d'intimes, que j'aime à avoir autour de moi évidemment, mais qui n'est pas forcément objective quant à l'intérêt que je peux susciter. Ça avait déjà commencé sur Twitter (oui, encore, je sais, j'en parle beaucoup, mais mets toi-z-y & après on en recause hein, on verra si toi t'arrives à résister à l'addiction Twitterienne, haha, c'est facile de faire le malin quand on ne sait pas) quand certains de mes abonnés se sont mis à lire, commenter et partager mes billets. Mais cela était venu après quelques échanges entre nous, après qu'une certaine complicité se soit instaurée autour d'un autre sujet qui nous réunissait. Là, aujourd'hui, c'est bel et bien une parfaite inconnue qui m'a montré de l'intérêt. On atteint le niveau au-dessus, mes chevilles ont doublé de volume et ma tête s'est transformée en melon. Je suis entrée en lévitation, en sifflotant, les yeux qui font des tours dans tous les sens et avec une petite moue de vantardise bien accrochée sur le coin de ma face. (Je reconnais qu'esthétiquement c'était pas forcément joli à voir). (J'espère même que tu ne cherches pas à visualiser). (Au pire sinon fais le moi savoir je t'enverrai un Lexomil par La Poste pour t'aider à te calmer). (De rien).

C'est donc gonflée de fierté et de rêves de grandeur que j'ai daigné connecter mes deux neurones pour trouver une solution au problème de la dame. Elle n'est pas mon amie sur FB, elle ne me suit pas sur Twitter, elle n'a donc pas accès aux mises à jour du blog. Comme je comprends parfaitement l'absolue nécessité que tu peux avoir à être instantanément prévenu de la ponte d'un nouveau mot doux, j'ai planché sur le problème. 

Et là, figure toi que ce n'est pas un mais deux éclairs de génie qui m'ont traversé l'esprit. Oui tu as du mal à y croire mais ne sois donc pas si sceptique et laisse moi te démontrer que parfois j'arrive à avoir deux bonnes idées à la fois.

Première solution : fouiller sur Blogger (sitapakompri c'est la plateforme hébergeant le blog) à la recherche d'un petit bidule à insérer sur mon site, où que les gens ils peuvent mettre leur adresse mail dedans et que boum ça leur envoie un mail... dès que j'écris une nouvelle bafouille. J'ai tellement bien fouillé que j'ai fini par trouver. Si si je te jure, regarde (te casse pas le nerf optique à essayer de voir sur la miniature, clique sur l'image et elle s'ouvre en grand) :


Deuxième solution : créer une page FB consacrée uniquement au blog où que les gens ils disent "j'aime" et que boum ça leur met le lien dans leur fil d'actu... dès que j'écris une nouvelle bafouille. Bon ça j'ai pas eu besoin de chercher, je sais faire, alors j'ai fait. La preuve en image (et sinon c'est ) :



Bon du coup, victime de mes émotions et forte d'une confiance absolue dans le succès qui VA arriver (parce qu'il DOIT arriver hein, on est bien d'accord ?), j'ai fait les deux. Comme ça t'as le choix. Tu vois, moi aussi je te fais des cadeaux auxquels tu ne t'attends pas. Ouais je sais... ne me remercie pas.

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PS : *guimauve time* On est pas très nombreux, mais tu es très présent, très bienveillant, toussa toussa. Merci à toi. Et puis à toi, toi... et toi là. SMWACKS !
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© Isa - octobre 2013

vendredi 4 octobre 2013

...méga busy, tu sais...

Oui, je sais que tu m'en veux de ne rien avoir publié depuis le 25 septembre dernier. Neuf longs jours sans aucune update du blog, tu te demandes ce qui se passe, pourquoi je boude, si je suis tombée dans un trou ou si j'ai été kidnappée par des aliens. Je sais tout ça, et je comprends ton désarroi. Moi-même j'aurais beaucoup de mal à supporter une telle absence prolongée, sans explication, sans un au revoir, sans petit mot rassurant généreusement posté de temps en temps.
Ahhhh la rançon du succès !...

Néanmoins, comme j'aime à le dire relativement souvent sur Facebook, "je vais bien, ne t'en fais pas". C'est bon, ça va mieux ? Tu es plus serein, maintenant que je suis de retour ? Bien, tant mieux. On va pouvoir passer à la phase "explications" alors. Je te sens prêt à les entendre.

Tu n'es pas sans savoir que c'était la Fashion Week à Paris ces derniers jours. A moins que tu ne vives dans une bulle sans télévision - internet - journal gratuit - amis modeurs, l'information n'a pas pu t'échapper. La Fashion Week, c'est quand même des dizaines de défilés, des shows tous plus époustouflants les uns que les autres, des cocktails mondains et des dîners interminables où tout n'est que strass et glamour. Bref, ça occupe. Y participer d'une manière ou d'une autre, ça t'enlève le temps de faire les trucs habituels comme bichonner tes amis FB/ chercher l'inspiration pour tes écrits/ alimenter ton blog. Ça t'enferme un peu dans un univers parallèle où ton penchant naturel pour la futilité ne s'exprime qu'autour des catwalks (ça veut dire "podiums", jeune ignorant) ou des olives plongées dans ta Vodkatini. Parce que c'est là l'essentiel de ce que tu ingurgites durant ces 9 jours de mondanités. On retrouve le même principe au Festival de Cannes, version tapis rouge et Champagne, si ça peut t'aider à visualiser. 
Ton attention est concentrée sur les nouvelles tendances, les créateurs qui font le buzz, ceux qui font un flop, les rédacteurs en chef des grands titres de la mode dont il faut absolument obtenir la carte de visite, ces mannequins immenses dont le haut de la jambe t'arrive à l'épaule. Tu n'as pas vraiment le temps, l'énergie, le désir d'aller voir ce qui se passe hors de cette bulle et, si tu arrives à croiser ton homme au moins deux fois sur ces neuf jours endiablés, tu t'estimes heureuse. C'est dire si ça redéfinit ton sens des priorités, tu vois.

Bref, tout ça pour dire que la Fashion Week à Paris, je n'y étais pas. Le plus près que je m'en sois approchée, c'est en lisant les quelques Tweets que je voyais passer à ce sujet dans ma TimeLine (t'inquiète, je t'offre un dico Twitter ce week-end). Autant te préciser d'ailleurs que je m'en fiche comme de l'an 40, à peu près. 

En fait, moi ce qui m'a occupée et retenue loin de toi pendant ces derniers jours, c'est plutôt la flemme tu vois. La Isa Flemme Week qu'on pourrait dire. Un événement qui est certes un peu moins médiatisé & glamour mais beaucoup plus concret & récurrent dans mon monde à moi. Je sais, ça ne te vend pas du rêve, mais qu'y puis-je si ma vie n'est pas plus trépidante ? A priori, ça nous fait même un point commun, non ?

Bon allez promis j'essaierai d'introduire un peu plus de magie ici dans les jours qui viennent. Et si je n'y arrive pas, j'essaierai au moins d'y mettre un peu plus de régularité, et ce sera déjà pas si mal.

PS : souviens toi que tu n'as pas du tout aimé le dernier article que j'ai publié (ici). Aucun commentaire sur le blog et seulement 2 likes sur FB (venant d'ailleurs de deux personnes - que j'aime à la folie hein - qui aiment systématiquement tout ce que je poste, donc v'là l'objectivité quoi). Et dis toi que c'est ce manque de succès flagrant qui m'a un peu refroidie dans mes élans bloguesques. Bref... c'est de ta faute quoi. Mais allez, j'suis pas vache, je t'aime quand même.

© Isa - octobre 2013