Pages

jeudi 28 novembre 2013

...avare de mots...

Tout a été remis à niveau, le carburant, l'eau, l'huile, tout ce qu'il faut pour que la machine fonctionne. Y a un truc qui s'est passé, un déclic, une prise de conscience. Quelque chose que tu n'attendais pas, que tu n'attendais plus, qui te pousse, t'électrise, t'énergise. Y a tout qui bouge à l'intérieur, ton cœur qui bat fort, tes intestins qui dansent la gigue, tes guiboles qui tremblotent mais te supportent avec vigueur. Tu es dans cet état de grâce qui te permet d'avancer, de décider, de gravir une montagne puis la redescendre et y remonter de nouveau juste pour te prouver que tu peux le faire. Qu'il y a en toi tout le jus nécessaire.

Alors t'y vas, tu fonces, tu dis oui à cette possibilité qui t'est offerte, tu sais qu'il y a des risques, il y en a beaucoup, il y en a toujours, mais tu ne veux pas regretter de ne pas avoir essayé, tu préfères faire le pari un peu fou que quelles qu'en seront les conséquences tu sortiras de là grandie. Soulagée de ne pas être passée à côté. Fière d'avoir tenté.

Et puis tu dis merde aux détracteurs, à ceux qui veulent t'immobiliser, qui te rappellent tes échecs passés, comme pour te paralyser. A ceux qui n'y croient pas, qui ne partagent en rien la vision optimiste de certains autres, qui insistent en te montrant que "tu le vois bien, quand même, que ce putain de verre il est à moitié vide, non ?!". T'entends bien ce qu'ils te disent, et ça te parle évidemment, parce que toi aussi tu t'es dit ça 100 fois. Mais cette fois tu décides de ne pas y accorder d'importance, t'envoies valser, tu passes au-dessus. Bien plus haut.

Tout là haut, c'est là que t'emmènent ceux qui croient en toi. A eux, c'est "merci" que tu dis. Ceux qui te parlent de ton potentiel, ceux qui te rappellent que t'as ça dans les gênes, que t'es une survivante hein, que t'en as déjà bien bavé avant, et que t'en baveras encore, surtout si tu oses, si tu prends des risques, si tu t'autorises à vivre. Ceux-là même qui te poussent à te surpasser, à donner de ta personne, parce qu'ils savent que t'as de la ressource, que t'en as sous le pied. Ceux-là qui, également, te promettent de toute leur plus belle sincérité qu'en cas d'échec ils seront là, ils panseront les plaies, ils regonfleront le moral jusqu'à ce qu'il soit à bloc. Ceux-là qui t'assurent que si ça ne marche pas, ils t'entoureront quand même de toute leur fierté et trouveront les mots pour te réconforter.

Tu vois, aujourd'hui, ça tient en trois mots : OUI. MERDE. MERCI.

© Isa - novembre 2013

mercredi 27 novembre 2013

...en plein questionnement fashion (girly inside)...

Une fois n'est pas coutume, je ferme mon clapet et je te laisse en images. Merci de me dire quoi t'en penses. (Cette étrange tournure de phrase est assumée).
(Cependant tu es prié de ne pas faire de commentaire sur le visage en gros plan car ça je ne peux pas le changer & puis je me vexe facilement)(Je la mets juste pour que tu voies l'accessoire)(Merci).
(Pour les Twittos : cet article ne se RT pas évidemment)(Dès fois que vous en auriez eu bizarrement envie)(Pour faire rire les copains ou truc du genre).
(Pour les non-Twittos : je teste ma tenue pour le repas de Noël au bureau)(Dress-code : robe noire/talons/accessoire rouge).
(Finalement j'ai pas mal parlé)(Pardon)(Déformation bloguesque).











© Isa - novembre 2013

...un tout petit peu à fleur de peau...

Un rien m'enflamme. Ou me refroidit. C'est selon.

Je la sens venir, la période de sensibilité extrême où chacun de tes mots va m'impacter très fort. Dieu que c'est épuisant d'être dans mes pompes. Plus qu'épuisant, migrainant. Ras-le-bol-ant. 

Je le sais bien pourtant, que la communication écrite omet bien des choses pourtant essentielles à la bonne compréhension de ton message. Je n'ai pas le son de ta voix, ni son ton, alors je n'entends pas ton second degré, ton ironie ; je n'ai pas l'image, alors je ne vois pas ton sourire moqueur mais bienveillant, rassurant ; je n'ai pas la présence, alors je ne sens pas l'onde de chaleur que ton attitude dégage. Tu vois, je sais tout ça, et je sais en conclure que tout ce que tu m'envoies est forcément biaisé, tronqué, qu'il me manque tout un tas d'informations que tes simples mots ne peuvent pas me donner.

Et pourtant, je m'enflamme. Je cherche ce que tu ne dis pas dans tes points de suspension, je m'interroge d'une absence de smiley, je me vexe d'un point d'exclamation, je crains tes majuscules, je décortique tes virgules, je m'apostrophe de toute ta ponctuation. Je te lis, te relis, vérifie encore une fois, je fouille pratiquement dans chaque lettre pour y trouver un petit signe, ne serait-ce qu'une cédille, un accent oublié, une faute qui prouverait que tu as écrit distraitement, ou un bon mot qui montrerait au contraire que tu as pris le temps. Je vais compter les secondes qui s'égrènent entre chaque tiret de nos dialogues et les regarder s'écouler au ralenti. Un peu comme on attend cette balle qui met si longtemps à rebondir et dont on ne parvient pas à anticiper la trajectoire...
Je vais tenter de relativiser le premier impact que tes mots auront eu sur moi, calmer la réaction épidermique qui en découle, choisir de me détacher de l'émotion première, te répondre en conséquence, posément, avec recul, mais j'y reviendrai vite, à cette émotion première, parce qu'elle aura pris soin de se cacher quelque part en moi pour ne pas que je puisse totalement l'évacuer. Puis elle va se répandre, se diffuser partout, éveiller ma paranoïa, me faire regretter la façon dont je t'ai répondu, si loin, tellement loin de ce que tu m'as réellement inspiré, tellement fausse du coup, tellement peu moi.

Alors je vais chercher un moyen de renouer le lien, de retrouver une place, mais la vraie cette fois, redevenir moi dans tes yeux, ne pas me cacher derrière ce que je peux imaginer de ce que tu voulais dire, derrière ce que je pensais devoir écrire, mais être vraiment moi, celle que tu connais, celle qui ne te ment pas, celle qui attire ton attention uniquement quand elle se montre telle qu'elle est réellement et que tu rejettes un peu, souvent, quand elle dévie de tout ça.

Je sais bien que parfois, tu ne choisis ni tes mots, ni tes points, qu'ils te viennent sans que tu ne soupèses leur poids au gramme près, que tu les laisses sortir de toi sans les mesurer avec exactitude, et qu'ils ne veulent pas dire grand chose de plus que ce qu'ils disent réellement. Je sais bien qu'il n'y a pas toujours un sens caché à déceler entre les lignes, qu'il faut parfois juste prendre, sans aucune analyse, sans intellectualiser, sans conceptualiser. Je sais parfaitement tout ça quand je rationalise et que je me pose pour y réfléchir.

Mais ça n'enlèvera pas ces quelques secondes qui suivent la diffusion de ton message et qui sont le terrain de dizaines d'interrogations hébétées et douloureuses qui se bousculent en moi, chamboulant tout sur leur passage, y compris mes certitudes sur l'intérêt que je peux éveiller en toi.

© Isa - novembre 2013

mardi 26 novembre 2013

...face à un choix à faire...

Il y a un poste à prendre, un poste que j'ai longtemps voulu et qu'on ne m'a jamais donné.
Ce n'était jamais de ma faute, "vous avez toutes les qualités requises, c'est évident, mais Bidule les a encore un peu plus que vous", 5 fois au moins.

Du coup, j'ai arrêté d'y croire, arrêté d'espérer.
De toute façon, aucune opportunité n'allait se présenter de sitôt, c'était écrit comme cela.

Alors moi pour oublier, pour compenser, je me suis investie dans d'autres choses, des missions parallèles qui égayent ma routine et un coaching professionnel pour envisager un changement de carrière à 180 degrés. Tout ça me demandait beaucoup de travail, de l'investissement, de l'introspection, mais ça m'allait.

Et il y a 8 jours, le mail du Boss qui tombe : il crée un nouveau poste.

Je suis tellement partagée...

Entre ne pas postuler et me satisfaire de mes nouveaux à-côtés, continuer à travailler sur le changement de cap total. Prendre le risque de regretter de ne pas avoir saisi ma chance, parce que peut-être que là, cela aurait marché.

Ou envoyer cette candidature qui mène à deux finalités possibles. La première, c'est être prise, enfin. Mais ai-je encore envie de ce poste-là, alors qu'ils ont bien œuvré à m'en dégoûter, alors que j'envisage ailleurs autre chose bien que rien ne soit acquis dans cette autre direction non plus, alors que mes nouvelles responsabilités exigent de moi une grande disponibilité que je ne suis plus sûre d'avoir après ? La deuxième, échouer, encore ! Alors même que je ne suis même pas sûre d'avoir envie de réussir, l'échec serait impossible à supporter, il pourrait m'enfoncer dans mes côtés sombres, me faire de nouveau perdre le goût de tout, de l'effort, de la constance, de ma dignité aussi, un peu. Postuler c'est prendre le risque de n'être satisfaite d'aucune des deux fins possibles.

La deadline, c'est jeudi. D'ici là, je suis toute en doutes, en hésitations, en listes de pour et de contre. Beaucoup me poussent à le faire, ils comprennent pourtant, mais ils n'envisagent que ma réussite, cette fois... "Je le sens, c'est pour toi, c'est le bon moment" qu'ils me disent.

Et moi je ne sais pas.

Voilà, pardon pour cet article qui n'est ni drôle ni subtil ni fédérateur ni divertissant. Mais il fallait bien que ça sorte hein, parce qu'ici on parle de ce que je suis aussi, et là tout de suite je suis aussi et surtout face à ça.

© Isa - novembre 2013

dimanche 24 novembre 2013

...en émoi... /fiction/jeu d'écriture/

Tout a commencé au printemps dernier, quand ton pseudo arrivé au hasard de mon fil a attiré mon attention. Une première blague partagée, un premier sourire déclenché, un premier échange qui a fait naître une complicité inattendue. Puis nos identités virtuelles qui se cherchent et se trouvent de plus en plus souvent, se répondent, se sollicitent, s'interpellent quand elles ne se croisent pas, s'affichent emmêlées aux yeux des autres. Et ces autres qui s'étonnent de ne plus nous lire l'un sans l'autre, qui s'en amusent d'abord, mais finissent par questionner, creuser, fouiller. Alors nous qui décidons de nous cacher, forts de notre imbécile certitude qu'ils sont un peu idiots de nous prêter des intentions que nous n'avons pas... Et ta naïveté quand tu me dis que nous contrôlons tout, et ma naïveté quand je te réponds qu'ils ne comprennent rien, et notre naïveté quand nous continuons à nous convaincre l'un l'autre qu'il n'y a rien à conclure de nos échanges répétés.
Puis nos mots qui s'enchaînent dans l'anonymat offert par la lumière bleutée de nos écrans, tu te dévoiles, je me livre, tu te racontes, je me confesse, tu me pardonnes, je t'accepte. Tout est évidence : la facilité avec laquelle les mots nous viennent, le manque de l'autre quand il est retenu ailleurs, et bientôt l'insuffisance criante de ces dialogues en ligne.
Pour prolonger le plaisir que chacun prend à être en contact avec l'autre, nos mains qui pianotent sont bientôt rejointes par nos voix qui se découvrent, le premier appel timide sera suivi de centaines d'autres, quotidiens, répétés. Des heures passées au téléphone, à tout se dire, à se taire parfois, et moi qui aime la sonorité de ta voix grave et toi qui te délectes de mes silences lourds de sens.
Puis de nouveau, l'insuffisance. Je m'aperçois que j'ai envie de voir tes yeux posés sur moi, je sais qu'ils m'enroberont d'une infinie douceur, tu me confies que tu veux entendre mon rire sans le filtre trompeur de la technologie, tu sais qu'il va t'emmener loin, là où tout est beau et pur et enfantin.
Alors on saute le pas. On s'y reprendra à quelques reprises, avant de parvenir à se voir. A cause de la vie qui nous complique la tâche, souvent, mais aussi et surtout à cause de notre crainte secrète que le monde réel ne fasse retomber le soufflé de notre complicité chérie.
Mais on finit par y parvenir, enfin.
J'arrive tremblante à notre point de rendez-vous, j'espère si fort que tu ne seras pas encore là, pour me laisser le temps de m'approprier les lieux, de calmer le rythme effréné de mon palpitant, de préparer quelques phrases, au cas où tout ne viendrait pas naturellement. Mais tu es là, et je t'observe sans que tu ne me voies, ton regard court partout en espérant me trouver, tu tires machinalement sur ta cigarette, je te connais déjà si bien que je sais qu'elle ne parvient pas à t'apaiser, tu es nerveux, impatient, presque apeuré. Je profite de ces quelques secondes, je te les vole, j'imprime ton visage dans ma tête, je me nourris de ces premières images en 3D et tu ne soupçonnes rien, tu attends. Tu m'attends. Et ce constat fait écho avec ce qu'il se passe en moi quand je comprends que moi aussi, je t'attends.
Forte de cette évidence, je te rejoins, tu m'aperçois enfin, ton expression change, tes yeux s'illuminent, mon ventre se tord de douleur face à la violence du désir qui me submerge tout à coup. Tu souris, je ne dis pas un mot, je fixe mes yeux aux tiens, tu ne dis rien non plus. Pourtant nous nous comprenons en une fraction de seconde, et tous les non-dits de nos conversations passées explosent autour de nous pour finir par former une bulle dans laquelle il n'y aura plus jamais que toi et moi. Ta main qui prend la mienne, naturellement, mon visage qui se lève vers le tien, impatiemment, nos lèvres qui se rejoignent... évidemment.

Absolument tout a commencé au printemps dernier : ma vie, la tienne, et le mélange que nous en faisons en composant désormais l'avenir à quatre mains.

© Isa - novembre 2013

*
**
Ce texte, fictif, naît d'un nouveau jeu d'écriture initié par Venise et dont l'unique contrainte était qu'il devait commencer par "Tout a commencé au printemps dernier".
Pour voir les participations de PlumeChocolat, La Fraise, Venise, Emilie, Greg, MissThéRieuse et Blandine, je t'invite à cliquer sur leurs prénoms/pseudos respectifs... 

samedi 23 novembre 2013

...si faible face à la tentation...

Tu crois que tu tiens les rênes de ta vie entre tes mains, tu te trompes mon grand. Tu n'es que la victime d'envies bien plus fortes que toi, de désirs qui te poursuivent jusqu'à l'assouvissement. Tu subis déjà les événements climatiques, les horaires imposés par ton boss, le rythme éreintant de tes journées de travail, la vie qui coule autour de toi sans que tu ne puisses en maîtriser la cadence, mais tout ça, ça ne te suffit pas.

Comme pour rajouter une couche face à tous ces éléments hors de ton contrôle, tu ne parviens pas non plus à respecter les limites que tu t'étais fixées et qui ne dépendent que de toi, à rester dans le cadre dont tu as la seule jouissance du dessin, à marcher sur le trait qui est pourtant bien droit, pour une fois*.

Tu fais comme si tu allais pouvoir résister à la tentation, mais tu sais déjà que ça te dépasse et puis y a Oscar Wilde qui te balance en boucle sa rengaine entêtante**. Alors tu y vas. Tu es là devant ce grand bassin qui t'attire et pour montrer aux autres que tu restes dans la maîtrise de toi, tu n'y trempes qu'un orteil, doucement, timidement. C'est un peu froid mais ça te ravive, ça déclenche un frisson qui monte le long de ta jambe d'abord puis continue sa course folle pour arriver là où c'est si bon, juste là au creux de ta nuque. En laissant sur son passage une douce chaleur dans le bas de ton ventre et des saccades de plaisir au fond de ta poitrine. Te voilà électrisé, envoûté, hanté, te voilà foutu, tu as goûté et merde c'est vachement bon.

L'orteil mouillé est vite rejoint par ses copains, puis le pied tout entier, puis la jambe, puis l'autre jambe. En moins de temps qu'il n'en faut pour dire plouf, tu es tout immergé, l'eau est maintenant au niveau de tes épaules, le froid t'enveloppe, fait raidir tes muscles. Et ta peau qui devient écailles pour mieux te protéger, et tes poumons qui deviennent branchies pour te permettre de respirer, et ton cerveau qui se félicite de cette admirable capacité d'adaptation qui t'aidera toujours à survivre en milieu hostile.

Et puis ta tête s'enfonce elle aussi, tes cheveux s'en décollent, flottent, et tu brasses l'eau pour ne pas couler, et tu te sens léger, enfin, là dans ton élément, là où ton corps ne pèse plus son poids, là où tu ne touches plus terre, là où il est si facile de se laisser dériver.

Tu entends de loin les voix qui t'assènent de rester prudent, de ne pas aller trop loin, de ne pas descendre trop profond, de revenir vite. Mais c'est déjà trop tard, et la sensation est déjà bien trop forte, tu es si bien là, tu attendais ça depuis tellement longtemps, et ça dépasse et de loin tout ce que cela te promettait de jouissif, ça s'est emparé de toi et tu n'as plus le pouvoir de lutter.

Tu as croqué dans la pomme, tu t'es fait dévorer.
Tu as cédé à la tentation.

---
Références :
* l'histoire du trait tout droit est expliquée ici.
** la rengaine de Mr Wilde c'est "Le seul moyen de se délivrer de la tentation, c'est d'y céder. Résistez et votre âme se rend malade à force de languir ce qu'elle s'interdit". Ça te parle, hein ? 
---

© Isa - novembre 2013

jeudi 21 novembre 2013

...un peu plus qu'une identité virtuelle...

Je venais te parler d'un dilemme auquel je suis confrontée au boulot. J'avais prévu de te faire l'historique de la chose, de te présenter ma liste de pour et de contre, et de terminer en te demandant si, à ton avis, je devais me lancer ou pas. Je commençais à poser les mots, tranquillement.

Et puis au milieu des phrases qui s'enchaînaient plutôt facilement, quelque chose se passe. Un flottement, un moment d'hésitation, les doigts qui s'arrêtent de pianoter. Presque instinctivement. 

Je scrute ce qui se passe à l'intérieur, c'est plutôt flou. Je suis dans l'incompréhension la plus totale : ce matin, je prévoyais déjà d'aborder ce sujet ici, cet après-midi, je choisissais les mots, les morceaux de phrase. Les raisons pour lesquelles je ne parviens pas à aller au bout de mon billet ce soir sont un mystère. 

Réaction primaire, nécessaire, j'efface les quelques lignes déjà rédigées. Sans prendre le temps de les relire pour les mémoriser, sans sauvegarder, sans aucun regret. Le souvenir des quelques jolies tournures de phrases qui s'y trouvaient est déjà lointain.

Phase deux. Affronter le vide laissé par les mots effacés. Ce cadre tout blanc qui se montre à moi sans pudeur. J'ai l'impression qu'il me nargue, qu'il cherche à me provoquer, qu'il sait que je ne sais plus comment le remplir.

Un coup d'oeil sur les rézosocio (pour m'en inspirer peut-être ?) me fait percuter immédiatement. Ce sont eux qui m'empêchent de livrer mes petites tracasseries professionnelles. C'est une évidence.

Twitter ne te permet d'être toi que lorsque ce que tu as à en dire est soit très drôle, soit très spirituel, soit bouleversant. Il ne te permet de t'exprimer que si tu le fais avec humour, avec originalité, avec talent. Il n'accepte de toi que tes éclairs de génie, que tes moments de grâce, que tes bons mots. Les seules occasions où il tolère et diffuse parfois tes histoires plus personnelles, c'est quand il se gargarise de leur sordidité, à la seule condition que tu y aies mis toutes tes tripes, que tu t'y sois dévoilée toute nue, avec toute la naïveté de penser que ton parcours peut interpeller. Là, il te partage, te diffuse, t'encense, te remercie même de t'être montrée sans défense, vulnérable. Là, il accepte que tu te confies à lui, pour faire pleurer dans les chaumières, pour que ton mal circule et libère ceux qui le voient de loin et se rassurent de ne pas l'avoir connu de plus près. 
Quand tu n'obéis pas à ses règles, Twitter te le fait payer tu sais. Il se désintéresse de toi à coups d'unfollow en chaîne. Tu n'es plus dans ses petits papiers, alors pire que d'être ignoré, tu es supprimé. Comme si tu n'étais que ce pseudo qui s'affiche devant chacun de tes mots. Comme s'il n'y avait aucun être humain derrière. Tu n'es qu'un personnage dématérialisé. Tu n'es qu'à un clic d'être suivi et qu'à un clic de disparaître du fil. Tu n'es que quelques mots que tu te dois de choisir avec pertinence. A chaque fois. 

Tu peux choisir de te réfugier chez son concurrent Facebook, un peu plus "à taille humaine". Parce que Facebook ne t'en voudra jamais de parler de toi, de ce que tu manges ce soir, de ta nouvelle paire de chaussures, des derniers mots prononcés par ton petit dernier. Les personnes qui t'y voient sont bien souvent des proches que tu connais "dans la vraie vie", alors ils te laissent dire ce que tu as à dire sans pour autant cliquer sur "supprimer" dès lors que cela ne les intéresse pas. Bon, ne va pas t'imaginer non plus que tes "amis" vont systématiquement rebondir, hein. Parfois ils te laissent affronter de grands moments de solitude et n'accordent aucun intérêt à ce que tu viens leur raconter. Mais ils resteront là. Pas loin, tout près. Certains se feront plus discrets que d'autres mais tu sauras d'une façon ou d'une autre qu'ils te lisent avec bienveillance. Fais quand même attention, il y en a toujours deux ou trois qui ne sont là que pour s'abreuver de tes petits potins sans jamais ô grand jamais manifester la moindre empathie, la moindre joie à l'annonce de tes bonnes nouvelles, la moindre compassion lorsque tu raconteras une tuile. Ceux-là, il te faudra apprendre à les repérer... et à composer avec, ou parfois sans, c'est bien aussi sans. 

Constater tout cela me bloque aujourd'hui au moment où je voudrais te parler de ce choix que j'ai à faire, comme si j'avais peur que cela ne présente pas le moindre intérêt pour toi. Comme si je préférais te ménager plutôt que de librement m'exprimer... Je m'auto-censure pour ne pas te déplaire, et je me demande du coup si tous ces réseaux sont vraiment sociaux...

Je dédie ce billet à tous ceux qui le liront, à ceux qui me suivent ici ou là, parfois avec beaucoup d'attention et parfois sans comprendre que de l'autre côté du PC il y a une vraie personne, un cœur qui bat, un cerveau qui réfléchit, des yeux qui lisent tes mots et essaient systématiquement de voir ce qu'il y a entre tes lignes, des épaules qui supportent le poids du quotidien, des bras qui peuvent tomber très bas de déception/ monter très haut pour fêter une victoire/ étreindre très fort pour manifester de l'affection.
"Je" n'est pas qu'un pseudo.

© Isa - novembre 2013

dimanche 17 novembre 2013

...une survivante ?...

Je me suis toujours dit que c'était un peu de ma faute. Qu'une part de moi l'avait mérité, peut-être même cherché un peu. Que je l'avais provoqué.

Il n'y a que depuis peu qu'est arrivée la prise de conscience, celle qui ajoute à l'intérieur de moi, à côté de mon sentiment de culpabilité (à côté oui... pas par-dessus), la certitude que de nous deux c'était bien lui le plus fautif, le plus condamnable. Je sais aujourd'hui que c'est lui qu'il faut pointer du doigt. Il était l'adulte, je n'étais qu'une enfant.

Bien sûr, ça a tout changé, tout déréglé.

Mon rapport aux hommes. Curieusement, je ne les ai pas fuis. Je les ai même recherchés, souvent, beaucoup, trop. A chaque fois, c'est l'adulte en eux que je cherchais. Leur force, leur virilité, leur ascendant sur moi. Ça n'a pas rendu les choses faciles... J'étais à l'affût du conflit, de la démesure, de la violence parfois.

Mon rapport à mon corps. A qui je ne fais aucun cadeau, que je maltraite, que je n'estime pas. Que je me représente comme un fardeau, comme un boulet que je dois traîner. Que je vois souillé, abîmé, marqué de l'empreinte indélébile de ses doigts qui l'ont tant parcouru. Qui m'a souvent dégoûté, que j'ai mutilé, avec lequel j'apprends à vivre aujourd'hui parce que j'ai compris que je n'avais pas le choix.

Mon rapport à moi. A la petite fille que j'ai cessé d'être aussitôt que j'ai compris l'horreur de ce qui se tramait, à celle qui n'a pas connu l'insouciance de l'adolescence et est tombée directement dans la case adulte. A cette femme que je ne suis qu'à moitié, parce que meurtrie, lésée, déséquilibrée.

Mon rapport à toi. A toi là, qui connais cette histoire et qui as changé de regard sur moi à la minute même où tu as su. Toi qui cherches depuis à me préserver de la mocheté du monde, toi qui essaies de m'en faire voir les couleurs, de m'en faire goûter les saveurs. Et à toi aussi, toi qui ne sais pas et qui ne devines pas, malgré mes brèches et mes failles. A toi à qui j'ai souvent envie d'en parler, pour que tu comprennes tout ce qui relève de l'incompréhensible parfois en moi. Pour que tu me voies vraie, pour que tu me saches.

Mon rapport à ma famille, marquée à jamais par cette vérité dérangeante, dégueulasse, qu'il a bien fallu un jour sortir de moi pour ne plus qu'elle me ronge de l'intérieur.

Mon rapport à l'homme que j'aime, qui doit m'accepter avec mes complexes et mes complexités, mes blocages et mes freins, mes peurs, mes crises, mes doutes, mon fatalisme, ma crainte de tout, de tous, tout le temps, mon refus de m'ouvrir à lui parfois, trop absorbée par ce qu'il se passe dans mon dedans, trop honteuse de le laisser regarder, trop apeurée qu'il prenne ses jambes à son cou devant la noirceur de certaines de mes pensées.

Mon rapport à cet homme-là, évidemment. Sur lequel je ne peux guère m'étendre en public mais qui sait, j'en suis sûre, combien je suis plus forte que lui de continuer à vivre, à aimer, à construire, malgré ses tentatives immondes pour m'ôter le goût de tout. A quel point je suis tellement, tellement plus forte que lui de parvenir à ne pas lui souhaiter de mal, à lui qui m'en a tant fait.

Mon rapport à toi qui lis ce texte et qui vas passer du côté de ceux qui ne savent pas à celui de ceux qui savent et qui ne me regarderas plus jamais de la même façon.

J'ai toujours su qu'un jour il me faudrait publier ces mots, je ne savais pas quand ni comment ça viendrait, mais c'était inévitable. Nécessaire.

© Isa - novembre 2013

La suite ici

...toujours à tes côtés... [I'll stand by you]

© Isa - novembre 2013

...comme un lion en cage...

Je me réveille avant Chéri, le week-end. Toujours. L'inverse ne s'est jamais vu.
Habituellement, cela ne me pose aucun problème, je trouve toujours à m'occuper en attendant qu'il daigne s'extirper des bras de Morphée.

Aujourd'hui, c'est un peu différent.
Déjà, parce que le sommeil m'a abandonnée aux alentours de 4h30 cette nuit et depuis, le temps semble s’égrainer dans une infinie lenteur.
Ensuite, parce qu'aujourd'hui l'Homme fête ses 33 ans.

Comme à chaque fête qui implique des cadeaux et des surprises, je ne suis qu'impatience.
J'ai prévu des choses tu vois. Des choses qui impliquent qu'il soit réveillé. Ou sur le point de l'être, du moins. Et ce n'est pas gagné avant au moins 3 petites heures encore...

Il me faut donc m'occuper en attendant de lancer les hostilités festives.
Le cadeau est emballé, le petit mot doux rédigé, il ne reste plus qu'à préparer le petit-déjeuner un chouïa particulier aujourd'hui, mais cela peut attendre encore une bonne heure au moins !!!

Du coup, transfert massif de caféine à l'intérieur de mon corps, occupation de la paperasse de la veille, et son démentiel dans les oreilles pour patienter en musique.

Et cette petite bafouille pour que tu partages avec moi mon extrême impatience/ mon envie de bien faire/ mon excitation à son paroxysme.

Bon dimanche (le mien devrait l'être... :-p) !

© Isa - novembre 2013

samedi 16 novembre 2013

...en pleine rêverie... /fiction/jeu d'écriture/

Cela fait quelques jours que je suis de retour sur ma Terre natale, mon petit caillou caché au coeur de l'Océan Indien, à des milliers de kilomètres de mon quotidien.

J'y ai enfin retrouvé ma famille, le visage de ma mère sur lequel j'aime trouver nos points de ressemblance, les rires de mes petites soeurs qui résonnent entre les murs blancs de leur appartement, nos débats passionnés, nos fous-rires incontrôlés, notre complicité intacte. 

J'y ai retrouvé les couleurs de mon enfance, le bleu du ciel et celui de la mer, le vert tellement plus vert que celui de Paris, le rose des temples tamouls, et le blanc et le noir et le marron et le jaune des visages que je croise dans la rue et qui se mélangent de la façon la plus naturelle et la plus pacifique qui soit. 

J'y ai retrouvé les bruits que mon oreille avait perdu l'habitude d'entendre, l'appel à la prière qui s'élève de la mosquée à la tombée de la nuit, l'accent chantant qui s'échappe de la bouche des Créoles et de la mienne aussi, de nouveau, le grondement des vagues qui s'écrasent contre les rochers.

J'y ai retrouvé les saveurs épicées, les samoussas qu'on trouve à chaque coin de rue, les letchis sucrés qu'on achète une bouchée de pain, les mangues juteuses qu'il suffit de ramasser dans le jardin de ma tante.

Il fait chaud, il fait doux, l'air est pur et chargé de tolérance, l'ambiance est comme toujours à la mixité, à la diversité, au vivre-ensemble. Je suis chez moi.

Je sens pourtant poindre en moi une impatience que je ne maîtrise pas, l'envie d'autre chose, un manque que je n'arrive pas encore à définir. J'enrage de ne pas me sentir comblée par ma présence ici et par tous ces gens et toutes ces choses que je retrouve depuis peu. Que me faut-il de plus, de mieux, de différent ? Je suis tellement frustrée de ne pas atteindre l'état de plénitude que ces vacances me promettaient...

J'en suis là de mes pensées quand quelque chose en interrompt brutalement le cours. Que se passe-t-il donc pour que mon corps se mette à frissonner de façon aussi inattendue ? Les sens en éveil, je m'extirpe du confort moelleux du canapé et pars à la quête de ce qui me met en émoi. 

Et enfin... cette odeur ! L'odeur de la terre qui s'élève dans les airs, l'odeur de la Nature qui s'éveille, l'odeur du ciel qui change en une fraction de seconde.
Puis le bruit. Des petits clapotis d'abord, espacés, difficiles à distinguer, discrets. Et son intensité qui augmente, les clapotis deviennent des coups de semonce que le ciel donne au sol, rapprochés, nombreux, violents. Et son intensité atteint son paroxysme quand on n'entend plus que ça, que la télé semble muette, qu'il faut élever haut la voix pour se comprendre, quand il est continu, assourdissant, enveloppant.

Mon cœur bat à tout rompre au moment où mes yeux embrassent le spectacle que mon île m'offre de l'autre côté de la baie vitrée. Un rideau d'eau tombe lourdement d'en haut pour venir s'écraser dans un vacarme aussi troublant qu'inattendu. La lumière du dehors s'est éteinte, le bleu s'est transformé en gris sombre, les feuilles des arbres se courbent toutes sous le poids du vent qui les met en mouvement.

Tremblante, je sors sur la terrasse pour toucher, sentir avec ma peau, comme pour m'assurer que tout cela n'est pas qu'un rêve. L'eau est chaude, elle sent bon, elle me régénère et je souris.

Enfin, ça y est, je suis comblée, la Nature vient de m'envoyer mon plus beau cadeau de bienvenue. Et il est là, mon moment de plénitude. 

Voilà tout ce qu'il me manquait... une averse de la pluie d'ici.

© Isa - novembre 2013

*
***

Ce texte est ma participation au jeu d'écriture lancé sur la page Facebook de Miss Thé Rieuse. La consigne était d'écrire un texte gai sur la pluie.
Pour voir les participations de Venise, Jay, Miss Thé Rieuse, Emilie, Greg, Blandine et La Fraise, cliquez sur leurs prénoms/pseudos.
 

...celle qui écrit...

Samedi.
13 jours après la publication du dernier billet, je me remets enfin derrière ma page blanche et cette fois-ci je m'impose d'en sortir quelque chose. Ce n'est pas le premier essai de ces derniers jours mais, lors des précédents, toutes les excuses ont été bonnes pour procrastiner. Des papiers à trier, du ménage à faire, un coup de fil à passer, tout me semblait plus urgent. Evidemment on sait toi et moi que ce n'est pas forcément la seule réalité. On le sait bien, que mélancolie et écriture sont intimement liées en moi et que, l'une appelant l'autre, je fuis parfois l'une des deux pour éviter d'avoir à affronter l'autre. Inconsciemment, au moment où cela arrive. Mais j'en prends toujours la pleine conscience, quand j'y réfléchis quelques heures après.

Cela m'amène donc à m'interroger sur ce lien si particulier. Je me suis souvent demandée pourquoi j'associais inévitablement les deux. En vain. Toujours est-il que sans que je ne sache bien ce qui pourrait l'expliquer, j'ai eu à accepter cette alliance systématique entre mon envie d'écrire et cette humeur si particulière qu'est la mélancolie. Quelque soit la première à m'envahir, elle déclenche automatiquement l'apparition de la deuxième, et elles s'engrainent toutes les deux, se font monter en épingle, font la course à qui sera la plus forte, puis s'apaisent mutuellement, brutalement, au moment où les mots se sont enfin extirpés de moi. Une délivrance, une descente en flèche de la tension provoquée par ce duel interne, le calme après la tempête. Jusqu'au prochain coup de vent.

Reste-t-il donc un peu de place pour une émotion autre, au moment où j'écris ? Qu'en est-il du plaisir de jouer avec les mots, leur(s) sens et leur sonorité ? Peut-il y avoir de la légèreté malgré tout ? Le manteau mélancolique qui se referme sur moi filtre-t-il le reste de la palette émotionnelle ?

Pour le savoir, je m'observe en situation d'écriture, là, tout de suite. Je suis à l'écoute de mes sens et de ce qui se passe à l'intérieur. La palette est bien présente.

Il y a de l'excitation. Un besoin urgent, primaire, brutal, de pianoter sur le clavier et d'arriver au point final du texte que je m'apprête à livrer. Pour pouvoir le relire, le critiquer, le faire changer un peu, pas trop, le premier jet, le plus brut, est souvent aussi le plus juste, le plus proche de ce que j'avais à dire. Mes doigts s'emballent au même rythme que mes pulsations cardiaques qui ne s'apaiseront qu'au moment où je cliquerais enfin sur 'publier'. De l'excitation.

Il y a de l'envie. Celle de trouver le mot juste, la tournure de phrase adéquate. Celle de respecter la façon qu'a chaque mot de sonner tout en les assemblant tous en une harmonie mélodieuse. Celle de te donner quelque chose de moi que tu n'as pas déjà, ou que tu connais peu, ou mal. L'envie.

Il y a de la peur. La peur de ne pas te plaire, sur la forme parfois, sur le fond le plus souvent. Parce que je connais mes bizarreries et les partager avec toi me fait prendre le risque que tu détournes ton regard ou ton intérêt. La peur de te perdre au milieu de mes vicissitudes et de mes tourments, associée à la parfaite conscience que je ne saurais pas m'en débarrasser juste pour te retenir, même si je le voulais. La peur, tu vois.

Il y a, heureusement, du plaisir. Cette sensation si particulière, propre aux moments où j'écris, de faire ce pour quoi je suis née, ce pour quoi je suis faite. Écrire pour être lue, pour partager, pour communiquer, pour jeter mes mots en pâture afin que tu te les appropries, qu'ils rebondissent sur toi, et que, par ricochet, ils provoquent tes mots et tes émotions à toi. Écrire pour que nous soyons ensemble, l'espace de quelques paragraphes, moi ici qui me confie à toi et toi là-bas qui sauras prendre soin de ces confidences. Bien sûr, la peur évoquée plus haut est encore présente, mais la certitude d'être à ma place, dans mon rôle, provoque un plaisir bien plus fort que cette peur. Ce qui me permet de recommencer souvent, d'ailleurs. Le plaisir. Surtout.

Peu importe, finalement, que pour pouvoir écrire ce texte il m'ait fallu en appeler à la mélancolie qui flotte toujours plus ou moins autour de moi. Peu importe que j'aie dû la laisser entrer et se répandre à l'intérieur, juste là, sous ma peau. Parce qu'elle n'est pas étanche. Au contraire. Elle est même le canal par lequel sont arrivées bien d'autres émotions qu'il me plaît de laisser m'envahir. Toujours avec le désir intense de les partager avec toi.

Rien que pour ça, je recommencerai. Encore.


© Isa - novembre 2013

dimanche 3 novembre 2013

...parfois normale même si tu as tendance à en douter (ouais j'te comprends)...

Je te parle souvent de mes folies, de ma folie. De mes différences, de ce qui me tient à l'écart des autres et de ce que je leur envie. De mes humeurs qui vacillent et de mes doutes qui s'installent.

Il est donc grand temps que je te rassure un peu, que je te montre une part de moi que tu connais peut-être mais que je ne surexpose pas, au grand désespoir de ceux et celles avides de légèreté & de... normalité, aussi.

Je suis une femme normale, tu sais, quand je convertis mentalement et en une fraction de seconde le solde de mon compte bancaire en nombre de fringues/ sacs à main/ paires de chaussures qu'il pourrait servir à financer.

Je suis une femme normale, vois-tu, quand j'entre tremblante dans un salon de coiffure, apeurée et excitée, cette excitation arrivant à son paroxysme au moment où les mots "Madame, installez-vous au bac, je vais vous faire votre shampoing" arrivent à mes oreilles, envoyant immédiatement à mon cerveau la promesse d'un orgasme capillaire trop rarement expérimenté.

Je suis une femme normale, rassure-toi, quand chacun des compliments que je reçois fait bondir mon cœur hors de ma poitrine, me faisant redevenir sur le champ la petite fille qui aime qu'on la trouve jolie et qu'on le lui dise !

Je suis une femme normale, aussi, quand je passe du temps avec des gens que j'aime et que ça me fait du bien, que ça me rassure et que ça me calme, que ça me donne l'espace nécessaire pour être juste moi, sans chichi, sans fioriture, parce que c'est tout ce qu'ils attendent de moi.

Je suis une femme normale, enfin, quand être la 8ème merveille du monde pour mon mari me balance une tonne de papillons dans le ventre et d'étoiles dans les yeux, quand son regard me fait me sentir reine de son royaume, quand ses mots effacent mes peurs et me cajolent, quand ses attentions me font comprendre que j'ai une chance incroyable de l'avoir près de moi.

Ce week-end, riche en nouvelles fringues/ nouvelles chaussures/ longues minutes chez le coiffeur/ mots doux sur les réseaux sociaux/ moments avec mes deux meilleurs amis/ délicatesses de mon amoureux, m'a plongée dans un état de troublante normalité...

Même si on a fait plein de trucs, qu'on a pas mal bougé, cette normalité, cette légèreté, si rares et pourtant si recherchées, sont d'un reposant que les longues heures avachies sur le canapé ne procurent jamais ! Petite victoire sur la vie à qui j'ai arraché un trait droit, bien droit, sur lequel j'ai avancé ces dernières 72 heures...

De quoi me donner la force d'affronter la nouvelle semaine qui démarre bientôt, et de vous souhaiter, le cœur et le compte en banque bien légers, un bon dimanche... sous vos applaudissements !

© Isa - novembre 2013