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mercredi 27 novembre 2013

...un tout petit peu à fleur de peau...

Un rien m'enflamme. Ou me refroidit. C'est selon.

Je la sens venir, la période de sensibilité extrême où chacun de tes mots va m'impacter très fort. Dieu que c'est épuisant d'être dans mes pompes. Plus qu'épuisant, migrainant. Ras-le-bol-ant. 

Je le sais bien pourtant, que la communication écrite omet bien des choses pourtant essentielles à la bonne compréhension de ton message. Je n'ai pas le son de ta voix, ni son ton, alors je n'entends pas ton second degré, ton ironie ; je n'ai pas l'image, alors je ne vois pas ton sourire moqueur mais bienveillant, rassurant ; je n'ai pas la présence, alors je ne sens pas l'onde de chaleur que ton attitude dégage. Tu vois, je sais tout ça, et je sais en conclure que tout ce que tu m'envoies est forcément biaisé, tronqué, qu'il me manque tout un tas d'informations que tes simples mots ne peuvent pas me donner.

Et pourtant, je m'enflamme. Je cherche ce que tu ne dis pas dans tes points de suspension, je m'interroge d'une absence de smiley, je me vexe d'un point d'exclamation, je crains tes majuscules, je décortique tes virgules, je m'apostrophe de toute ta ponctuation. Je te lis, te relis, vérifie encore une fois, je fouille pratiquement dans chaque lettre pour y trouver un petit signe, ne serait-ce qu'une cédille, un accent oublié, une faute qui prouverait que tu as écrit distraitement, ou un bon mot qui montrerait au contraire que tu as pris le temps. Je vais compter les secondes qui s'égrènent entre chaque tiret de nos dialogues et les regarder s'écouler au ralenti. Un peu comme on attend cette balle qui met si longtemps à rebondir et dont on ne parvient pas à anticiper la trajectoire...
Je vais tenter de relativiser le premier impact que tes mots auront eu sur moi, calmer la réaction épidermique qui en découle, choisir de me détacher de l'émotion première, te répondre en conséquence, posément, avec recul, mais j'y reviendrai vite, à cette émotion première, parce qu'elle aura pris soin de se cacher quelque part en moi pour ne pas que je puisse totalement l'évacuer. Puis elle va se répandre, se diffuser partout, éveiller ma paranoïa, me faire regretter la façon dont je t'ai répondu, si loin, tellement loin de ce que tu m'as réellement inspiré, tellement fausse du coup, tellement peu moi.

Alors je vais chercher un moyen de renouer le lien, de retrouver une place, mais la vraie cette fois, redevenir moi dans tes yeux, ne pas me cacher derrière ce que je peux imaginer de ce que tu voulais dire, derrière ce que je pensais devoir écrire, mais être vraiment moi, celle que tu connais, celle qui ne te ment pas, celle qui attire ton attention uniquement quand elle se montre telle qu'elle est réellement et que tu rejettes un peu, souvent, quand elle dévie de tout ça.

Je sais bien que parfois, tu ne choisis ni tes mots, ni tes points, qu'ils te viennent sans que tu ne soupèses leur poids au gramme près, que tu les laisses sortir de toi sans les mesurer avec exactitude, et qu'ils ne veulent pas dire grand chose de plus que ce qu'ils disent réellement. Je sais bien qu'il n'y a pas toujours un sens caché à déceler entre les lignes, qu'il faut parfois juste prendre, sans aucune analyse, sans intellectualiser, sans conceptualiser. Je sais parfaitement tout ça quand je rationalise et que je me pose pour y réfléchir.

Mais ça n'enlèvera pas ces quelques secondes qui suivent la diffusion de ton message et qui sont le terrain de dizaines d'interrogations hébétées et douloureuses qui se bousculent en moi, chamboulant tout sur leur passage, y compris mes certitudes sur l'intérêt que je peux éveiller en toi.

© Isa - novembre 2013

4 commentaires:

  1. Je te comprends. Je suis pareille. A lire entre les lignes, à décortiquer. Et bien sûr toujours dans le sens qui m'arrange, c'est à dire celui qui va me dévaloriser. Et pourtant, très souvent c'est une prise de tête pour pas grand chose.

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    1. C'est une infamie de vivre comme ça :-/

      *Commentaire initialement posté le 28/11/13 à 7h30*

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  2. ¡Quieta sobrina! Tu grandiras encore, tu prendras les mots des autres comme tu voudras les entendre. Et puis? Tes mots à toi, je les aime. Beso de tu tía.

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    1. Merci Tatie ! Et merci de me lire. Bisous.

      *Commentaire initialement posté le 28/11/13 à 7h30*

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